jeudi, novembre 21 2024

Chantre du luxe à la française, au début des années 60 la Facel Vega Facellia cherche à concurrencer les Porsche 356, Alfa Romeo ou Triumph qui règnent sur les classes de cylindrées modestes…

A la fin des années 50, Facel-Vega veut s’inscrire dans la lignée des défuntes marques françaises de luxe. Bugatti, Delahaye, Delage et autres Talbot étaient installées au sommet du Gotha automobile mais aujourd’hui, toutes ont baissé pavillon. Les survivantes de cette époque sont le véritable témoin de la créativité et de l’inventivité française.

Chez une marque habituée aux grosses mécaniques V8 américaines de 4 à 6 litres de cylindrée, aux puissances allant de 250 à 350cv aux carroseries imposantes, la Facellia avait pour but de s’imposer dans la classe de cylindrée de 1.600 cc et avec un gabarit « européen »

Facel Vega Facellia

Révélée au public lors du Salon de Paris 1959, la Facellia fut très bien accueillie par les amateurs. Affichant un gabarit modeste de 4m12 mais reprenant la face avant représentative de la marque, la Facellia affichait une allure romantique, sorte de mix entre des lignes italiennes et allemandes, avec le petit truc faisant toute l’originalité de la marque française.

Présentée en cabriolet, la Facellia était dotée d’un châssis tubulaire sur lequel une coque en acier était soudée. La Facellia est une propulsion équipée d’un pont arrière à taille hypoïde de fabrication Salisbury. Certaines pouvaient recevoir en option un différentiel à glissement limité. La direction passait par un boîtier Gemmer à vis et à galet et le freinage était confié à des freins à disques Dunlop sur les roues avant.

Facellia 1ere génération

L’intérieur est celui d’une véritable voiture de luxe avec une sellerie cuir, une véritable console et un tableau de bord digne des berlines les plus luxueuses. Les Porsche 356 ou les Italiennes peuvent aller se rhabiller !

Mais Facel butait pour obtenir une licence d’importation d’un moteur étranger :  l’Etat Français interdisait de se fournir à l’étranger pour des moteurs destinés aux voitures destinées à être produite en volume conséquent. Il fallait un moteur made in France. Question de fierté et de devises …
Facel se tourne donc vers la société Pont-à-Mousson qui fournissait les boîtes de vitesses des modèles V8. La société possédait déjà l’étude d’un moteur 6 cylindres 2,8 litres double arbre à cames en tête. De ce moteur fut dérivé un 4 cylindres 1,6 litre en fonte et culasse aluminium double arbre à came développant 115 ch à 6 400 tr/min, une puissance particulièrement ambitieuse pour l’époque (le 1600 de la Porsche 356 SC ne fournissait que 95cv). Ainsi motorisée, la Facellia accroche un jolie 180 km/h. 

Moteur 1600cc Pont à Mousson

Les commandes affluaient mais, commercialisées trop vite, les premières autos livrées démontrèrent des carences de mise au point sur le moteur : problèmes de refroidissement, consommation d’huile excessive, distribution fragile, carburateurs capricieux entrainèrent de casses moteur à répétition dont le remplacement fit très mal à la trésorerie de la société.

Mais dès 1961, apparait la Facellia F2 avec une mécanique fiabilisée par la société « le Moteur Moderne », les phares doubles sont remplacés par des optiques Marchal Mégalux identiques à ceux de la Facel II et le tableau de bord gagnait le revêtement en faux bois des modèles V8 à la place du cuir initial.

Tableau de bord Facel Vega Facellia

Initialement commercialisée en cabriolet, la Facellia est désormais déclinée en coupé 2 places (un cabriolet dont le hard-top est soudé à la caisse) et d’un coupé 4 places. Mais en 1963, c’est le chant du cygne. Le gouvernement français assouplit sa position, ouvrant la porte à la Facel III dotée d’un ensemble moteur-boite Volvo. Au total, c’est un peu plus de 1.000 exemplaires de Facellia qui furent fabriquées.

La FACEL-VEGA Facellia aujourd’hui

Mal connues, franchement rares, produites seulement de 1959 à 1963, les Facel Vega Facellia sont un véritable collector bleu blanc rouge mais souffrent de la mauvaise réputation de leur moteur Pont-à-Mousson dont les pièces sont difficiles à dénicher. Moralité : il faut ab-so-lu-ment trouver une voiture en bon état et complète ! La conséquence, c’est que de de nombreuses Facellia ont troqué leur mécanique pour le moteur B18 ou B20 Volvo, moins vigoureux mais d’une fiabilité à toute épreuve et facile à entretenir ou refaire.

Facel Vega Facellia

Les éléments de carrosserie sont introuvables et les reproductions inexistantes : il faudra alors songer à refaire des pièces en cas de choc. Pire, les Facellia ayant été réalisées de manière quasi artisanales, il n’est même pas évident de prendre les pièces de carrosserie de l’une pour les monter sur une autre.

La cote

La cote de la Facellia souffre de ce passé chaotique, mais posséder un exemplaire de cette voiture française c’est carrément un acte de sauvegarde de notre patrimoine, au coté de la foison de Porsche 356, Triumph ou Alfa Roméo de la même époque. 

Il est difficile d’établir une cote fiable pour un modèle fabriqué à un peu plus de mille exemplaires, tellement les transactions sont rares. Les transactions s’étirent de 40.000 à près de 100.000 € selon le niveau de prestation. La cote est à la hausse, du fait de la rareté du modèle.

Facel Vega Facellia F2

Notre choix

Notre recherche se portera sur un modèle le plus proche possible de l’original, éliminant les modèles à moteur Volvo. Compte-tenu de la complexité à restaurer une Facellia, notre choix se portera sur ce modèle F2 de 1962 déjà restauré, disposant des optiques Megalux et surtout de la mécanique originale Pont à Mousson fiabilisée. Cet exemplaire en parfait état mécanique et de présentation est proposé à 69.000 euros, avant négociation

Précédent

Jaguar XJ-S : Classe et V12 accessible

Suivant

L'Alfa Roméo Giulietta SZ sortie de terre ...

2 commentaires

  1. C’est vrai que comparativement à une 356 qui n’est guère qu’une coccinelle applatie, avec son tableau de bord en tôle et ses sièges en skai, une Facellia au même prix est 1.000 fois plus exotique et attachante, même si la ligne est moins sportive.
    Par contre, je suis dubitatif sur le potentiel de valorisation dans le temps d’une Facellia. Aujourd’hui, elles se vendent au prix de leur remise en état (moteur, carrosserie, trains roulants, sellerie, … mais contrairement aux Porsche, Ferrari … qui alimentent la légende, n’est-elle pas déjà tombée aux oubliettes ? A-t-elle un véritable potentiel ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Voir également ...