dimanche, décembre 22 2024

Depuis une vingtaine d’années et la démocratisation de la passion pour les voitures anciennes et de collection, la quête d’authenticité a prévalu sur de nombreux autres paramètres, introduisant des éléments de langage tels que Patine, Sortie de grange ou Dans son jus … et quelques autres variantes qui sont même devenus des arguments de vente. Essayons d’y voir clair et de ne pas prendre des vessies pour des lanternes !

La « patine » (et son terme anglais « Patina ») correspond à peu près l’aspect visuel d’un véhicule d’époque dans un état d’usage et correctement entretenu. Typiquement, la peinture est un peu terne et passée, brulée par 40 ou 50 années de soleil. La sellerie en bon état, mais un peu affaissée, montre elle aussi ses années mais exhale une odeur unique. C’est sans doute l’état le plus désirable pour une voiture de collection ! Une voiture de collection patinée est avant tout une voiture en très bon état et bien entretenue, même si le terme « patine » se cantonne à l’aspect cosmétique. Elle est apte à prendre la route et ne présente pas de corrosion. Et c’est bien là où il faut être vigilant et ne pas se laisser berner par un terme inapproprié utilisé par un vendeur : Patine n’est pas rouille !

Peinture passée : c'est de la patine

Certaines voitures californiennes ont été brûlées par le soleil jusqu’à faire disparaître la peinture et présenter une couche de rouille certes superficielle, mais ce n’est plus de la patine !

Peinture brulée : c'est de la rouille !

Variante récente : la voiture « sale » (Dirt patina). Une couche de poussière est alors assimilée à la « patine » authentique d’une voiture. En fait, dans ces situations, la couche de poussière devient un élément marketing de différenciation par rapport aux autres véhicules proposés, alors que si la voiture avait été nettoyée, elle deviendrai … banale.

La saleté n’est pas la patine et la rouille n’est pas un atout, peu importe ce que dit le catalogue de la vente aux enchères. La saleté et la rouille sont le résultat de la négligence des propriétaires précédents.

La rouille est techniquement une forme de patine, mais c’est une patine dommageable, une indication de mauvais entretien par les propriétaires précédents.

Voiture sale et poussiéreuse

La « Sortie de grange » (et son terme anglais « Barn find ») est surement la qualification la plus romantique que l’on puisse trouver pour une auto de collection. Certains vont parfois jusqu’à mettre en scène (jouer, scénariser ?) cette « sortie de grange« 

Ce terme sous-tend une sorte de découverte de trésor oublié avec tout le folklore qui va autour. Et qui occulte parfois l’essentiel… nous préférerions sans doute le terme de « voiture oubliée ». Avec beaucoup de chance, la « sortie de grange » sera un modèle rare ou un début de série, plus généralement elle ne sera qu’une voiture qui n’a pas trouvé acheteur en son temps et stockée en espérant des jours meilleurs qui ne sont jamais venus !

Jaguar type E 1961 barn find

Comme nous le savons tous, il n’y a pas de voiture qui ne vieillisse aussi bien qu’une voiture qui roule et est entretenue. Une voiture immobilisée depuis des années, c’est assurément des freins bloqués, un moteur peut-être marqué, un circuit de refroidissement bouché, les dégâts des rongeurs dans le moteur et la sellerie et probablement les ravages de la corrosion si la « grange » était mal ventilée et/ou humide.

Forest find

Bref, « sortie de grange » ou « barn find » implique « restauration intégrale » dans la plupart des cas. Ou à minima d’importants travaux de remise en route… A noter la variante « trouvée dans les bois » ou « forest find », qui signifie que la voiture a été abandonnée dans les bois ou dans un champ.

Terminons avec « Dans son jus » et sa variante « Dans son bon jus » … qui voudrait dire dans le premier cas que rien n’a jamais été refait sur la voiture et que cette dernière présente exclusivement des éléments d’époque. Mais, au final ce terme recouvre en général la notion d’épave à restaurer intégralement. Mais cet élément de langage est plus chic que le terme épave … Sa variante évoquant le « bon jus » nuance l’état de décrépitude du véhicule.

Volvo P1800 dans son jus

On le voit de plus en plus régulièrement, les éléments de langage sont devenues de véritables stratégies marketing pour la vente. Il convient de ne pas leur donner plus d’importance qu’ils en ont. Ne soyons pas naifs, leur raison d’être est de donner une valeur marchande supérieure à un véhicule sur lequel il y a généralement d’importants travaux de remise en état à faire. Il est donc important de rester focalisé sur les éléments factuels de l’état réel de la voiture, et surtout de ne pas payer plus cher qu’il ne faudrait une voiture à restaurer …

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2 commentaires

  1. C’est vrai qu’il y a beaucoup de folklore (ou éléments de langage, comme on veut) autour des voitures de collection. Mais c’est ça aussi qui en fait l’intéret. chiner, chercher, découvrir … plutot qu’acheter en supermarché. apres, comme vous le dites, c’est vrai aussi que les professionnels de la vente ont souvent tendance à forcer le trait mais c’est aussi de bonne guerre, c’est à chacun de ne pas tomber dans le panneau !

  2. ah ces termes, qui tiennent plus du marketing que d’autre chose….
    c’est pareil pour les modèles de voiture elle-même : présenter une voiture comme étant la dernière « vraie » Porsche, Rolls, Ferrari, etc, permet de faire monter son prix.

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