vendredi, décembre 13 2024

C’est un fait, les Porsche sont omniprésentes dans le monde de la voiture de collection. Les Porsche 911 (et dans une moindre mesure 356) apparaissent comme les préférées du monde des anciennes. Essayons de comprendre pourquoi et comment cet état de fait s’impose à tous.

Lors du Tour auto 2022, c’est près de 50 Porsche qui étaient engagées … et ce, malgré une solide sélection de l’organisation pour proposer un plateau varié et représentatif. Si il n’y avait pas un filtre à l’inscription, elles seraient le double. C’est un fait, les Porsche 911 représentent pour beaucoup de passionnés une forme de Graal de la voiture de collection.

Porsche 911 et Cabrio 356

La 911, mythe automobile absolu

Si la 911 est officiellement née en 1965, elle est la prolongation technique de la Coccinelle, la voiture la plus vendue de tous les temps et conçue par le patriarche Ferdinand Porsche à la fin des années 30. La 911 reprend son principe du moteur à plat refroidi par air positionné en porte-à-faux AR et les suspensions à barre de torsion. Le petit fils de Ferdinand, Alexander « Butzi » Porsche offrit à la 911 une ligne intemporelle alors que son autre petit fils Ferdinand Piech lui donna le moteur 6 cylindres qui fit sa renommée. Le coté « saga familiale » (avec ses trahisons et ses scandales) n’est pas étranger à l’intérêt présent dans l’inconscient collectif.

Porsche 911 3.2 Carrera coupe

Ceci-dit, cette voiture n’aurait pu vivre que le temps d’une génération, comme la Jaguar Type E ou les Alfa, Aston et Triumph de l’époque … mais le génie de Porsche a été de ne pas chercher à suivre les modes stylistiques mais simplement d’améliorer sa 911 au fil des générations, transformant ainsi une voiture en mythe absolu, traversant les âges, les modes, les réglementations, les technologies. Même lorsque les temps furent plus compliqués. Et si les 944 ou 928 qui devaient « remplacer la 911 » ont aujourd’hui disparu, la 911, reste pour sa part présente et toujours le porte-étendard de la gamme !

Mais au delà, la Porsche 911, bien que dotée de performances hors du commun, a toujours su rester polyvalente. Même si ce n’est pas son terrain de prédilection, rouler en ville avec une 911 ne pose pas de problème particulier. Parlez-en à un possesseur de Ferrari ou Lamborghini … Et au final, depuis près de 60 ans, les deux mots « Porsche 911 » représentent pour toutes les générations le rêve automobile

Une sacrée bonne bagnole

Car la 911 est avant tout une sacrée bonne bagnole. Elle est aussi accessible au conducteur lambda qu’elle est une formidable école de pilotage, de gestion des trajectoires, de gestion des appels / contre-appels, du contre-braquage, de la gestion de la répartition des masses … combien de pilotes mythiques ont fait leurs premières armes sur une 911 ?

Et à coté de ça, la 911 sait se révéler autrement plus civilisée que nombre d’italiennes au rouge cliquant, si bien qu’elle donna lieu à une maxime célèbre « Avec une 911, on peut tout aussi bien faire la course qu’aller faire ses courses ». Son moteur, est d’une fiabilité incroyable tant que l’on respecte ses temps de chauffe et son entretien. Son kilométrage moyen est de 200.000 km avant d’exiger une réfection. L’explication : une conception sans faille et des matériaux issus de la compétition. Mais alors que d’autres ont explorés toutes les directions, du 6 au 8 au 10 ou 12 cylindres, le flat 6 Porsche s’est révélé d’une évolutivité incroyable au fil des ans. Il a connu toutes les cylindrées de 2.0 à 3.6 refroidis par air et il est passé avec succès à la techno du turbo dès 1975 !

Son châssis a su passer aux 4 roues motrices pour encore plus d’efficacité/ Quant à son entretien, il est infiniment plus simple que celui de toutes ses concurrentes d’époque. Son succès est sans doute également dû à cette polyvalence totale

Un creux de vague salvateur

A la fin des années 90, Porsche ne va pas très bien. Beaucoup pensent que la marque vit ses dernières heures et qu’elle ne survivra pas au passage du refroidissement liquide imposé par la réglementation sur les nuisances sonores. Et cette baisse de moral rejaillit sur la cote des anciens modèles. En 2000, un belle 3.2 Carrera change de mains pour 16.000 euros. Une 911 T des années 70 peine à franchir les 20.000 euros. Le prix d’une Renault Scénic ! Le rêve devient accessible aux passionnés d’anciennes…

Porsche 996 mod. 2001

Et la nouvelle direction de Porsche va cultiver le mythe pour mieux installer ses nouveaux modèles contemporains … Porsche va lancer son département « Porsche Classic », ils vont multiplier les événements « Classic » (les 50 ans de la 356, les 40 ans de la 911, …). Ils vont soutenir les clubs, les magazines, les sites web, les événements visant à promouvoir toutes les générations de Porsche 911.


Et la bulle « Porsche Classic » s’emballe. Les passionnés achètent des 911 anciennes et les restaurent. C’est branché de s’afficher en « 911 classic ». Les motoristes refont les vieux moteurs à bout de souffle. Tout le monde ne fera pas de bonnes affaires, mais entre 2000 et 2005, la bulle s’envole: bien des quadragénaires passionnés d’automobile rêvent d’une « 911 classic ». Et à cette époque, beaucoup comprennent qu’investir 20 à 40.000 euros dans une 911 classic est bien plus rentable que de laisser dormir l’argent sur un livret A, conduisant à quelques excès qui finalement feront exploser la bulle spéculative autour de 2015…

Porsche 911 3.2 Carrera cabriolet

Et si aujourd’hui les tarifs se sont stabilisés, c’est à cet engouement des années 2000-2015 que l’on doit d’avoir un parc de Porsche anciennes qui est globalement dans un état remarquable…

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1 commentaire

  1. Excellente analyse qui montre bien la capacité du marketing à faire revivre des succès d’antan dans le cœur des gens. Il y a de bons et de mauvais côtés dans chaque chose : les véhicules sont devenus moins accessibles, roulent moins, sont facilement surcotés … mais le parc existant s’est aussi refait une santé, on hésite moins à investir dans des restaurations de qualité et c’est ce qui fera durer ces autos. Mercedes avait déjà donné l’exemple en investissant pas mal dans l’image de la marque historique et de ses modèles emblématiques. Ce qu’on peut en tirer, c’est que le décalage tarifaire entre ces voitures dont la côte s’envole et les autres, ne peux que faire monter (au moins doucement) les autres marques naturellement. Merci pour cet article !

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