vendredi, novembre 1 2024

La Porsche 914 est une voiture mal née et en voie de disparition. Pourtant, elle est bourrée de qualités, au premier rangs desquelles une tenue de route diabolique et une habitabilité inhabituelle pour un roadster 2 places

La 914 a vu le jour en 1969 de ses parents Volkswagen et Porsche, à un tournant de l’histoire de ces deux firmes. Volkswagen cherchait deja à s’évader de son moteur flat4 et Porsche mettait toute son énergie dans le développement de sa 911. La 914 fut commercialisée aux USA par le réseau Porsche mais par le réseau Volkswagen en Europe … sauf en France où c’est Sonauto qui en assurait la diffusion. Tout ceci a généré une confusion bien mal comprise par la clientèle des deux marques.

Porsche 914 de 1973

Le cahier des charge de sa ligne était qu’elle ne devait ressembler ni à une Volkswagen ni à une Porsche. A l’arrivée, un roadster spacieux, à moteur central et toit amovible « targa » se logeant dans le coffre AR, avec un look quasiment symétrique entre l’avant et l’arrière. Les phares sont basculants et l’intérieur d’une austérité toute germanique !

Du coté des mécaniques, on trouve en 1969 une mécanique 1.7 d’origine VW 411 à injection électronique Bosch D-Jetronic de 80cv et une mécanique Porsche 2.0 d’origine 911T à carbus, développant 110cv sur la 914-6. Rien de bien transcendant: les montées en régime du moteur VW sont laborieuses et le plus petit flat6 de Porsche n’est pas un prodige de puissance. Non, là où la 914 se distingue, c’est dans son comportement routier. Le moteur central, conjugué au coté quasi symétrique de la coque, lui donne un comportement d’une efficacité inconnue chez VW ou Porsche à cette époque. Avec 4 disques aux coins de la voiture et une boite 5, l’ensemble autorise des moyennes impressionnantes ! La 914 est parfaitement équilibrée, avec un centre de gravité surbaissé qui l’autorise à virer sans le moindre roulis ni le moindre survirage, ce qui avait causé tant de souci à Porsche en 1965, lors du lancement de la 911 !

Porsche 914-6 et Porsche 914

Les pilotes ne s’y trompent pas : Sonauto engage aux 24h du Mans 1970 une 914-6 préparée avec un moteur de 911S poussé à 220cv. Elle s’offrit le luxe de terminer 6ème au scratch, juste derrière les sport-protos et 1ère de la catégorie des GT ! Et devant toutes les 911 … En 1971, Björn Waldegaard se démena comme un beau diable au Monte-Carlo au volant d’une 914, remportant 9 victoires en spéciales mais devant concéder « seulement » la 3ème place au général, derrière la furia des Berlinettes Alpine, à 1’51 » du vainqueur, dont 1′ de pénalisation. En moins d’un an, la 914 se taille un palmarès impressionnant ! Ceci en dit long sur le potentiel de la 914.

Porsche voit venir le danger, alors qu’il mise tout sur la 911. La 914, co-produite avec VW, ne saurait faire d’ombre à la 911. En 1972, la 914-6 quitte le catalogue après que 3.351 exemplaires n’aient été vendus et le flat6 Porsche se voit remplacer par le 2 litres du combi VW, poussé à 100cv par l’adoption de culasses spécifiques et de l’injection D-Jetronic. Ce n’est pas ce moteur roturier qui fera désormais de l’ombre aux 911.

Intérieur Porsche 914

Abandonnée par Porsche, puis par VW qui est accaparé par le lancement de sa Golf, la 914 sombre dans l’oubli pour finalement tirer sa révérence en 1976 (1975 en Europe). La production totale, entre 1969 et 1976, sera de 115.000 unités pour les 914 et 3.551 unités pour les 914-6. Bon nombre d’entre-elles ont disparu, victimes du désamour de ce modèle et d’un défaut de conception générant une corrosion majeure sur le longeron droit, si elles n’étaient pas parfaitement entretenues.

Le moteur central de la Porsche 914

La 914 est une survivante, mais toujours menacée d’extinction, en raison de ces problèmes de corrosion sur la structure. Mais les amateurs éclairés ne s’y trompent pas, trouvant en elle le charme d’une voiture découvrable rapide et à la conduite très contemporaine. Les amateurs de VHC ou de rallye trouvent en elle l’efficacité leur permettant de taquiner les stars de la discipline. La principale difficulté est d’en trouver une qui soit saine, non tunée et qui soit relativement complète. Et pour ce qui est de l’entretien et des pièces, les tarifs sont estampillés Porsche et il faudra sans doute regarder du coté des USA (où 2/3 de la production a été écoulée) pour trouver tout ce que l’on cherche. Et comme sur toutes les voitures à moteur central, la mécanique est à peu-près inaccessible…

La Porsche 914 aujourd’hui :

La 914 est une voiture bourrée de qualités et devenue rare. Dotée de deux grands coffres, on peut partir en week-end avec en emportant autre chose qu’un maillot de bain, et en bénéficiant d’un toit découvrable rigide. Son architecture et ses qualités routières constituent une des meilleures écoles de conduite sportive qui soient. Elle est considérée comme la digne descendante des populaires 356 aux USA et fait, 40 ans plus tard, la joie de quelques collectionneurs malins … tout en restant une Porsche originale et peu connue. Ce qui n’est pas un mal quand il s’agit de s’inscrire à un rallye où les organisateurs sont souvent contraints de refuser des 911, pour varier le plateau ! Attention toutefois aux modèles 2 litres 4 cylindres ré-importés des USA, passablement dégonflés pour passer les normes anti-pollution de l’époque, les 100cv européens sont devenus 90 (1972-1974) voire 84 (1975-1976)…

Porsche 914-6 et Porsche 914

La cote :
914 à moteur 4 cylindres : de 6 à 19.000 euros, avec une moyenne des transactions autour de 16.000 euros
914-6 moteur flat6 : de 30 à 50.000 euros, avec une moyenne des transactions autour de 40.000 euros

La tendance :
914 à moteur 4 cylindres : stable
914-6 moteur Flat6 : à la hausse

Porsche 914-6 vendue en 2012

Notre choix :
La passion l’emporte, difficile de se laisser séduire par le 4 cylindres VW, même si en version 2 litres, les performances sont très correctes… et donc notre choix se portera sur une 914-6 de 1971 strictement d’origine (par opposition aux 914-6 « kitée » pour la piste) à l’historique connue et matching numbers. La musique du Flat6 Porsche à triple carbus 40IDA et les montées en régime jusqu’à 6.500 trs/mn changent complètement la perception de la voiture, qui touche déjà au statut de collector. Cette 914-6 « Bleu métalisé LP98 » a changé de mains au cours de l’été 2012 pour environ 35.000 euros.

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