Si vous êtes un collectionneur de voitures classiques ou même un professionnel, il est vraisemblable que vous vous interrogez sur ce qui va se passer sur le marché des voitures classiques en 2020 et 2021 au regard de la crise du Covid-19
Possédant nous même au sein de la rédaction un certain nombre de voitures anciennes, nous avons commencé à réfléchir à la façon dont la pandémie et les différentes mesures mises en oeuvre pour lutter contre sa diffusion affecteraient le marché et si nous allions revoir notre façon de faire. Voici la synthèse de notre réflexion.
La crise économique de 2008
Lors de la dernière crise économique, à l’automne 2008, nous étions en route pour deux grands salons de voitures classiques qui se déroulent en octobre : la Classic Expo de Salzbourg en Autriche et, une semaine plus tard, le plus grand événement automobile de collection Italien, le Auto e Moto d’Epoca à Padoue, en Italie.
Sur la route, nous entendions à la radio que la bourse s’effondrait partout dans le monde et que la récession guettait les économies occidentales. Nous nous attendions à un week-end morose, pensant que tout le monde aurai peur de ce qui aller se passer sur le marché des voitures de collection dans ce contexte : les gens préféreraient sans doute garder leurs liquidités, plutôt que de les bloquer dans l’achat d’une voiture de collection.
Mais à notre grande surprise, le spectacle de Padoue cette année-là fut tout le contraire ! Les gens achetaient des voitures comme des fous. Et plus de la moitié des voiture arboraient le panonceau «vendutta» le dimanche après-midi !
Lorsque le marché boursier ne se porte pas bien, les gens en retirent leur argent pour investir dans des valeurs « refuge » telles que l’or, l’art, l’immobilier, les montres vintage ou des objets de collection. Dont les voitures de collection !
Une valeur refuge est un investissement qui permet de sécuriser son patrimoine en temps de crise. C’est un actif dont la valeur reste stable voire augmente en période de crise. Alors que la valeur de la monnaie ou d’une action est théoriquement susceptible de tomber à zéro en cas d’hyper-inflation ou de faillite des entreprises, un actif physique possédera toujours une valeur intrinsèque, indépendamment des conditions et phénomènes extérieurs.
Donc, alors que la plupart des gens pensent qu’une crise économique fera chuter le marché des voitures classiques, cela a en fait l’effet inverse.
Et nous avons tous constaté depuis cette période la progression quasi continue du marché des voitures de collection. Voire même l’engouement autour de certaines marques générant des « bulles » défiant la logique rationnelle. Certaines valeur ont beau être des « refuges », il y a tout de même des logiques économiques à respecter.
La crise COVID-19 de 2020
Nous réfléchissions à aller cette année encore à la Classic Expo de Salzbourg et au Moto e Auto d’Epoca de Padoue avant de renoncer. Ces deux expositions sont toujours maintenues, mais étant donné que le Corona est à nouveau à la hausse, nous ne voulons pas prendre de risque inutile. Et nous ne serions pas étonné que de nombreuses personnes réagissent comme nous. Au regard du nombre d’événements francais et européens qui ont été annulés, on peut se demander si l’ère des salons de voitures classiques n’est pas révolue. Et que le commerce de voitures classiques entre maintenant dans une nouvelle phase.
Car en parallèle, nous constatons que le marché reste très vivant en ce moment et que beaucoup de voitures changent de mains, mais de manière différente. Dans un marché devenu totalement international depuis 10 ans, aujourd’hui les voyages sont devenus compliqués avec le Covid. Mais on voit maintenant des professionnels qui proposent parfois jusqu’à 100 photos HD des voitures qu’ils ont à la vente. On voit ces mêmes vendeurs qui proposent des visites virtuelles des voitures à vendre. Les enchères en ligne se multiplient. Avec un (bon) smartphone, vous pouvez organiser une véritable visite vidéo des voitures… Le numérique vient clairement en aide au secteur.
Comment COVID-19 va influer sur le marché des voitures classiques ?
Nous pensons que la pandémie n’aura pas le même effet haussier que la crise économique de 2008. Nous avons vu une augmentation globalement très lente de la valeur des voitures anciennes au cours des 2-3 dernières années et certaines bulles avaient déjà commencé à se dégonfler. Nous avions également noté la baisse de certaines marques et modèles de voitures classiques, dont le marché était innondé. Quand l’offre dépasse la demande, les prix se tassent….
Certains acheteurs, notamment pour les gros prix, sont des retraités actifs qui ne seront pas impactés directement par la crise. A coté de celà, des « petits » collectionneurs seront peut-être obligés de revendre leur unique voiture de collection pour dégager quelques liquidités si la pandémie affecte leur revenu habituel. En fait, nous considérons que la pandémie ne fera qu’accélérer (voire amplifier) ce qui se passait déjà. Ce qui commençait déjà à baisser risque de baisser plus vite et ce qui est en train de monter va monter un peu plus haut. Et si vous aviez des vues dessus, sans doute devriez vous l’acheter maintenant.
Mais si il y a quelques années, nous pouvions acheter une Ferrari 308 GTS à 25.000 euros au printemps et la vendre l’année suivante pour près du double du prix, il faut se rendre à l’évidence : nous ne verrons plus cela à l’avenir, quel que soit le modèle.
Effectivement, travaillant moi-même dans une maison d’enchères, nous sommes très surpris du succès des enchères en ligne depuis le début de l’année (+25% de public).
Il est évident que les achats en ligne vont se développer, tant que les vendeurs joueront le jeu des photos et vidéos ….
L’analyse semble correcte sur 2 points:
1/ Le mode d’achat des autos par Internet sans aller sur un salon faute de pouvoir le faire à cause du CODIV
2/ La spéculation qui a cessé depuis plusieurs années (fin 2017 je pense) et qui fait que les prix stagnent ou baissent pour de très nombreux modèles. Pour ne pas dire presque tous les modèles de série des années 50 à fin 90.
N’oublions pas les taxes françaises sur la plus value des véhicules qui ont jouées un rôle très important dans l’arrêt de cette spéculation et donc la chute des prix avec un marché qui se retrouvait d’un coup avec beaucoup moins d’acheteurs.
On peut approuver le départ des spéculateurs qui rendaient le marché des autos anciennes inaccessible pour les passionnées avec de petits moyens mais cela aura permis de lancer de grands projets de restauration sur des autos qui auraient fini à la décharge si la côte n’avait pas augmenté d’un coup (Lancia flaminia / jaguar type E / healey , Triumph, Mercredes pagonde…) Toutes ces autos très chères à restaurer et dont la cote avant 2015 ne permettait pas d’engager de tels frais si la valeur n’était pas monté par le bais des spéculateurs.
Mais si je suis l’explication et l’analyse, hormis les modèles d’exception déjà hors de prix (Mercedes 300SL GULLWING, Ferrari 250SWB, ENZO et autres) qui sont les seules à voir encore leurs cotes monter dans les ventes aux enchères et a rester rare sur le marché, tous les autres modèles sont voués à baisser?
Puisque quasiment toutes les marques et tous les modèles des années 50 à 90 ont subi ces dernières années une forte augmentation. Fiat Dino, Austin Healey , Triumph, Alfa romeo, toutes les Porsches, Les Ferrari et JAGUAR de série ont vu leurs côtes monter de façon importante en 2015 et baisser depuis 2017.
Donc faut il s’attendre a voir le marché des autos de collections, hors pépites d’exception déjà depuis longtemps hors de prix, revenir comme avant 2015?
Ce qui indirectement conduit à la mort de nombres d’entres elles qui ne trouveront personne pour engager les frais nécessaire pour les restaurer.
Et en effet de cascade une baisse importante d’activité pour les métiers de sellier, de carrossier, de motoristes, de restaurateur de compteurs… tout un savoir faire précieux et souvent local qui emploie beaucoup de monde qui va se serrer la ceinture.
Sans compter qu’un nouveau facteur agit et agite aussi le marché en France avec les nouvelles règles dites « écologiques » qui ne font pas ou peu de distinction entre une auto à usage très réduit 500km à 2500km par an en moyenne selon les sondages (type collection même si elles n’ont pas l’âge) Porsches, jaguar ou Ferrari des années 90 par exemple. Et une auto de la même époque qui pollue plus car utilisée sur un usage quotidien (voiture familiales , utilitaires et camion diesel par exemple)
je suis preneur d’avis
Cordialement
2-3 divergences avec MIKA.
Tant que le coût de restauration d’un véhicule sera inférieur à sa valeur intrinsèque, il n’y a pas de souci à se faire sur les anciennes « milieu de gamme ». Le souci est sur les populaires, mais rien de nouveau à l’horizon.
La taxe sur les plus values ? Sourire … vous connaissez des gens qui font la déclaration ? Ca fait partie de ces mesures législatives inapplicables.
La nouvelle donne écologique ne fera pas beaucoup de mal aux collectionneurs. Beaucoup d’écolos-bobos se sont découvert une passion pour les Combi soixante-huitards, les Range baroudeur-chic etc … ils ne couperont pas la branche sur laquelle ils sont assis. Au pire, on retrouvera (à raison) des restrictions de circulation, histoire d’éliminer ceux qui utilisent leur 205 GRD de 1984 en usage quotidien.
On est plutôt du même avis Cedric.
Il faut espérer que le prix des autos anciennes restent stable et ne s’effondrent pas car cela entraînerai un arrêt des projets de rénovation, restauration de ces merveilles et donc de cet part du patrimoine.
Travaux de restauration qui je le répète représentent des milliers d’emplois en France sur des métiers spécialisés , des millions d’euros de taxes perçus par l’état (tva / IS…) et on ne compte jamais l’impact des milliers de club et association sur les finances des associations locales (les actions baptêmes et parades et rassemblement dont les bénéfices sont reversés: aux écoles, aux maisons de retraites, aux sinistrés d’un évènements climatique, aux enfants malades, à la lutte contre le cancer …)
Les personnalités politiques et écologistes qui tapent sans Distinctions aucune sur l’automobile en mélangeant le gros diesel des années 80-90 et la voiture de sport / tourisme / luxe à moteur essence des années 30 à aujourd’hui feraient bien de réfléchir aux conséquences de leurs prises de paroles parfois.
Car l’automobile ancienne fédère, rassemble des gens de tous horizons, de toutes cultures, de tous milieux sociaux autour d’une passion commune. Et cette passion permet de faire vivre des milliers d’activités pour les oubliés de la société.
Mika, ne soyez pas caricatural avec le cliché du pauv’ artisan qui souffre. En temps normal, l’artisan vous annonce un délai d’attente de 6 mois en levant les bras au ciel et nombreux sont ceux qui se sont fait de beaux business success avec l’engouement des 20 dernieres années autour de la voiture de collection. Même chose autour de l’événementiel et les innombrables rassemblements d’anciennes qui _derrière une indéniable passion_ sont de redoutables machines à cash… et pas toujours pour des oeuvres caritatives (il faut donner les noms ?)
Bref, il va y avoir de l’écrémage. Mais nous savions tous que notre milieu évoluait déjà dans une bulle. Les choses vont se normaliser. Il y aura surement des victimes collatérales, mais peut-être que ceux qui s’en tirent le mieux pourraient les aider ? Euh, j’ai dit une bêtise là ?
Remettons les pendules à l’heure. Beaucoup de secteurs souffrent et souffriront bien plus du Covid que le milieu de la voiture de collection. Acceptons de faire (un peu) le dos rond
Je pense également que le « EN LIGNE » va tirer son épingle du jeu. Catalogues de pièces élargis, nombreuses galeries photos HD, enchères en ligne, visites vidéo WhatsAp etc … C’est simplement l’avenir.