A l’occasion du dernier Rétromobile, le site Interenchères a réalisé une étude sur l’évolution du prix des voitures de collection sur les 10 dernières années. Il en ressort plusieurs lignes directrices, mais qui sont à pondérer et souvent à re-contextualiser.
Parmi les premiers constats, plusieurs marques comme Ferrari ou Porsche ont flambé, ainsi que certaines Youngtimers. Pour Porsche et Ferrari (ainsi que TOUTES les autres marques sportives comme Jaguar, Maserati, Lamborghini, Aston-Martin, Alpine …), la hausse des prix relève de deux phénomènes : tout d’abord une indéniable cote d’amour et de nostalgie qui a dopé la demande pour des véhicules devenus des légendes (on rêve de la Porsche de Steve McQueen, de l’Alpine de Ragnotti, de la Ferrari de Magnum …).
Le second phénomène relève simplement du coût de restauration qui se répercute sur le prix de vente. Evidemment, refaire un V8 Ferrari n’a pas le même coût que refaire le bicylindre d’une Deuche. Car si le prix global des voitures s’est envolé, c’est AUSSI parce que leur état moyen s’est amélioré.
Une étude réalisée par le site Interenchères, affirme que certains prix ont été multipliés par trois en dix ans et des constructeurs comme Ferrari, Porsche et Alpine voient leur cote grimper en flèche. Une Ferrari 308 GTB de 1978 adjugée 24.000 € en 2008 a été revendue 69.000 € en 2016, soit une progression de 187,5 % !
Ce chiffre est à re-contextualiser. Déjà, il y a eu 10% d’inflation entre 2008 et 2016, ce qui ramène la hausse réelle hors inflation à 177,5% sur 8 ans. Et si celà reste une très belle plus-value, ce n’est pas nons plus une « multiplication par 3« . Enfin et surtout, on ne précise pas si le véhicule a fait l’objet de travaux qui augmentent objectivement sa valeur.
A coté d’un tel exemple, on est obligé d’évoquer le marche des Porsche. Il est TRES contrasté, avec des classiques véritables « vedettes » et des voitures des années 80 qui, elles plafonnent depuis plusieurs années. Même les classiques enregistrent aujourd’hui un recul de leurs prix de vente par rapport à leur meilleure période, dans les années 2014-2015. Après une flambée, le marché devient plus mature et réaliste.
Citroën n’est pas en reste non plus puisque ses cotes ont été multipliés par deux en huit ans. C’est surtout les DS et certaines 2CV qui font grimper les cours. Mais de quoi parle-t-on ? D’une cote qui est passée de 8.000 euros à 20.000 euros, en 8 ans, pour une voiture en excellent état voire restaurée. Il est plus réaliste dans ce cas de parler de rattrapage que d’explosion de la cote.
Mais ce qu’oublient souvent de préciser toutes ces études effectuées de façon sans doute un peu manichéennes, c’est que la plus value sur la vente d’une voiture de collection est taxée, comme l’est une résidence secondaire ! Alors si les ventes de particulier à particulier occultent encore souvent la déclaration de plus value, elle est censée s’appliquer sur chaque transaction…
Les différentes ventes aux enchères (Artcurial, Bonhams, RM Sotheby’s ou encore Leclere) semblent de bons indicateurs de l’évolution des prix, mais drainent un public international pas forcément représentatif du marché hexagonal, avec des ventes record de véhicules prestigieux qui masquent un marché plus morose en bas de l’échelle. Quant aux sites de petites annonces, ils permettent aussi d’identifier les véhicules qui ont le vent en poupe, mais sans offrir de certitudes sur le montant réel des transactions.
Depuis plusieurs années, les youngtimers (véhicules des années 80-90 pour l’essentiel) génèrent un vif regain d’intérêt, tirés par de nombreux modèles néo-sportifs . Interenchères a réalisé un focus sur la Renault 5 Turbo 2 et affirme qu’un exemplaire vendu neuf 34.505 € en 1982 aurait été adjugé 60.000 € en 2018.
D’abord, une Turbo 2 valait 115.000 FF en 1982. Soit 17.500 euros et pas 34.000. Sa valeur aurait presque quadruplé en moins de 40 ans. Sauf que c’est compter sans l’inflation sur la période… qui est de 150% entre 1982 et 2018 : 17.500 euros de 1982 représentent 44.000 euros de 2018 ! Donc si elle a effectivement été vendue 60.000, elle a « pris » 35% de valeur en 40 ans (soit 0,85% par an) en valeur de monnaie constante. Il faut donc prendre les prix affichés avec des pincettes et ne pas leur faire dire le contraire de ce qu’ils veulent dire ! Dans ce cas, on est bien loin du « placement mirifique » que constituerai la voiture de collection pour certains.
Un autre phénomène est apparu, les « sorties de granges », par opposition aux véhicules restaurés « plus neuf que neuf », certes magnifiques mais sans la saveur de la patine ou l’odeur du « vieux ». Aujourd’hui, les véhicules « dans leur jus » oubliés au fond des garages sont de plus en plus recherchés et sont ceux qui atteignent les plus hautes valeurs, quand ils en valent le coup et ne nécessitent pas une restauration intégrale qui leur ferai perdre leur authenticité.
C’est là que se situe aujourd’hui la saveur de ce marché : dénicher la perle rare.
Je trouve cet article très intéressant. Il montre en relief ce que les acheteurs de véhicules de prestige oublient, les frais de mise à neuf et les taxes. L’idée est qu’il faut se lancer dans un projet de vente aux enchères avec beaucoup de circonspection. On a vu des gens mettre 20000 euros pour avoir des carcasses qui ne supportent même pas le transport du lieu des enchères à chez eux…. Restons vigilants.