Après une embellie en 2022, à la sortie de la crise du Covid, le marché des anciennes et des voitures de collection poursuit son lent repli. Comment analyser le phénomène ? Quelles en sont les causes ? On essaye d’y voir un peu plus clair.
Les observations
De nombreuses voitures de collection s’éternisent des semaines, voire des mois en annonces, sans trouver acquéreur. L’adage « une voiture proposée au juste prix se vend rapidement » prend toute sa valeur.
La baisse continue du marché s’observe également dans les résultats des enchères mesurés par rapport aux estimations. Lors des ventes du premier trimestre, 68 % des lots ont été adjugés en dessous de leurs estimations basses, alors que l’on était à 60% sur la même période en 2023. C’est vraiment significatif, à fortiori dans un contexte d’inflation générale.
Comme pour l’immobilier, le fossé se creuse entre les exigences des vendeurs et ce que souhaitent (ou peuvent) mettre les acheteurs. On arrive donc à un marché qui ralentit et des volumes de transactions qui se réduisent.
Avant de repartir ? Pas certain … car il y a d’autres phénomènes, plus structurels, qui peuvent expliquer ce repli du marché des anciennes constaté sur tous les continents.
Evolution démographique
Le vieillissement de la population
… qui influe sur le marché des voitures anciennes..
Les baby-boomers (1943-1963) retraités en sont pour beaucoup à leurs dernières voitures. Tous les nostalgiques des « 30 glorieuses », tous ces passionnés revivant leurs belles années avec les voitures de l’époque , avec l’âge qui avance, ne sont plus aussi actifs sur le marché qu’il y a une dizaine d’années.
La génération Y (1979-1994) s’intéressé aux Youngtimers et a très peu d’affinités pour les voitures datant d’avant 1980. Quant à la génération Z (1995 et + …), les voitures ne les intéressent tout simplement pas du tout …
L’essentiel du marché des anciennes repose donc sur la génération X (1964-1978) qui pour l’essentiel est encore dans la vie active, et qui accèdera plus tardivement à la retraite que les Boomers. Leurs préoccupations quotidiennes repoussent aussi parfois au second plan l’acquisition et/ou l’entretien/restauration d’une ancienne.
Contexte économique
L’inflation qui a frappé toute l’Europe depuis 2 ans a conduit de nombreuses familles à ré-arbitrer leurs dépenses et renoncer à investir dans des biens non-essentiels. De plus, avec l’inflation, les coûts d’entretien / restauration des voitures anciennes ont également augmenté et contribuent à rendre l’investissement moins attractif.
Au final, la progression de valeur annuelle (autour de 5%) que l’on observait sur la plupart des anciennes a été rabotée par cette augmentation des coûts d’entretien.
En parallèle, les rendements des livrets d’épargne populaires (Livrets A ou LDD) est passé de 0,5% (insignifiant) en 2021 à 3% en 2023 (significatif), limitant d’autant l’attrait pour le marché des anciennes de ceux qui y voyaient aussi un moyen de placer intelligemment leur argent.
Accessibilité financière
Le « ticket d’entrée » pour accéder aux modèles « populaires » faciles d’accès (2CV Citroen, VW Coccinelle, Austin Mini …) dépasse désormais les 10.000 euros pour un modèle en état correct, ce qui les rend inaccessibles pour de nombreux acheteurs potentiels, en particulier les plus jeunes générations.
Les bulles spéculatives qui ont frappé de nombreux modèles les rendent également difficilement accessibles aux petits et moyens budgets, même si ça a permis de restaurer la majorité du parc.
Même si il reste quelques opportunités et voitures de valeur méconnues, globalement le gisement de voitures accessibles aux petits budget a tendance à se réduire comme peau de chagrin.
Réglementation environnementale
Les normes environnementales de plus en plus strictes peuvent rendre les voitures anciennes moins attrayantes, même si pour la plupart n’est pas concernées par les zones d’exclusion. Mais dans l’inconscient collectif, la question « est-ce que je vais pouvoir continuer à rouler avec une Ancienne ? Est-ce qu’elle ne sera pas invendable dans quelques années ? » reste prégnante. Même chose avec les jeunes générations nourries à force de slogans écologistes « l’essence c’est mal« .
Dans un monde où l’inquiétude a succédé à l’insouciance, où les modes de transports sont remis en cause, le marché des anciennes a probablement passé son âge d’or. La bonne nouvelle c’est que ce reflux n’est pas violent et ne va donc pas générer de réactions irrationnelles.
De bonnes analyses, en effet.
J’ajouterai à votre liste, la folie de la « restauration » sys-té-ma-ti-que, parfois reconstruction « plus neuf que neuf » .
Alors c’est beau, ça brille, ça claque … mais ça ne roule pas ou très peu. Tu penses, si un gravillon écaille ma peinture
La patine, c’est aussi le charme des anciennes. On peut prendre autant de plaisir dans une voiture qui marque le poids des ans, qui a 2 ou 3 points de rouille, des chromes un peu piqués …
Alors évidemment, quand 80% des voitures sur le marché sont restaurées, ça tire les prix vers le haut. Et on revient à votre précédent article sur Wheeler Dealers, le business de l’achat et de la revente, n’importe comment il faut faire du fric sur le dos des anciennes. Ca ne serait pas plus mal si le soufflet retombe un peu
C’est vrai que 10.000 pour une deuche, une mini ou une cox, c’est n’importe quoi … que dire des combis vw qui s’arrachent à 30 ou 40.000 euros pas étonnant que les plus jeunes s’eclatent avec des Saxo ou des Polo
Donc selon vous, les collectionneurs d’anciennes sont les retraités qui ont fini de payer leur baraque et n’ont plus les enfants à la maison …. quel scoop !
Merci les c.ns style Wheeler dealer et consorts qui annoncent au début « je vais pouvoir faire une bonne plus value » . Le problème est là…le monde de l’ancienne et de la youngtimer est remplie et pourri par des spéculateurs qui eux ne sont pas passionnés. Une 2cv , 5 millions d’exemplaires 10000 balles…y a pas un problème ? Moi la mienne restera non retapée ou avec des pièces d’occasion et ressemblera à une vieille mamie. Oui tant mieux que ce marché se casse la gueule avec tous ces spéculateurs vendeurs et acheteurs. Vive la vieille qui roule !!!
Je suis sidérée de la difficulté de trouver des pièces pour nos anciennes
Notre patrimoine va se perdre au fil des ans.
Je ne citerai personne, mais Ils ont trouvé le moyen de mette toutes ou presque les pièces que nous avions dans les casses au concasseur.
Mais ,Ils ouvrent de nouveaux magasins de pièces reconditionnées ou d’occasions , cela me fait vraiment rire juste celles qu’ils ont choisi, puisqu’ils veulent que l’on est plus de véhicules d’un certain âge.
Nos vieilles voitures, soit disant elles polluent plus que celles qui sont électriques MDR…
MDR, bientôt , ils nous effacerons aussi, pour faire des économies ou pour préserver la planète
Je tiens à dire qu’ il n’y a pas que des retraités qui ont des véhicules anciens et heureusement!
La Passion de nos véhicules restera toujours
A bon entendeur salut
Aspect démographique TRES intéressant.
Les baby-boomers partis en retraite à 60 ans au début des années 2000 qui ont acheté, roulé et restauré leurs anciennes affichent maintenant maintenant plus 80-85 ans. Tous ne sont (malheureusement) plus là et pour ceux qui sont encore là, ça devient compliqué de se glisser sous la voiture
justement quand on des problèmes pour trouver des pièces plus fabriquées ( Mercedes break par exemple) comment faire? Si quelqu’un a une idée je suis preneur et bonne route a tous
Avez vous contacté le Mercedes Classic Center ? Difficile de vous répondre sans connaitre le type de pièce recherchées …