mardi, mars 19 2024

A début des années 70, Renault a bien compris l’engouement pour les « sportives abordables » face au succès des Porsche 914, Lancia Fulvia Coupe, Matra Bagheera ou autres Alfetta GTV.
Et Renault va prendre le contre-pied de tout le monde en proposant deux modèles abordables, des mécaniques modestes et tractés via les roues avant. Avec les Renault 15 et 17, la Régie prouvera qu’il est possible de proposer des voitures à la fois séduisantes, performantes et abordables.

En 1971, les R15 et R17, un duo de coupés fait son apparition au catalogue de la Régie. Depuis 1965 et le succès de la Renault 16, la marque joue la carte du moteur à l’avant et de la traction avant. Et le cahier des charges est explicite : il faut utiliser un maximum d’éléments mécaniques existants sur les Renault 12 et 16 afin de réduire les coûts de production.

Renault 15 et Renault 17

La ligne moderne et innovante est signée Gaston Juchet pour lequel une des difficultés consistera à différencier les deux modèles extérieurement …L’architecture des Renault 15 et 17 est proche de la R12 dont elle dérive. Basée sur une coque autoporteuse, le moteur est placé en porte-à-faux en avant des roues motrices et de la suspension avant à parallélogrammes déformables transversaux. Une barre anti-roulis vient durcir un peu l’ensemble et des ressort hélicoïdaux et des amortisseurs télescopiques hydrauliques sur les quatre roues s’occupent de l’amortissement.

Volant Renault 15

L’intérieur est typé « sport », avec un bel alignement de 4 cadrans à casquette, mais qui s’affranchissent d’un mano de température ou de pression d’huile ! Le volant à deux branches est garni d’aluminium simulant un volant « racing » percé. Petit bémol à l’ensemble, les petites roues en 13″ et 3 trous dénotent un peu dans cette allure globalement sportive.

Renault 15

La Renault 15 est la version d’accès. Elle se reconnaît à ses larges vitres de custodes et à ses feux avant rectangulaires. Elle est proposée en deux versions : la « TL », dotée du moteur 1,3 l de la R12, qui passe pour l’occasion de 54 à 60 chevaux offrant une vitesse maximale de 150 km/h et la « TS », dotée du bloc 1,6 l de la Renault 16 TS développant 90 chevaux ce qui lui permet d’atteindre les 170 km/h.

Renault 15 TL

Renault 17

C’est celle qui revendique explicitement la sportivité, avec 4 phares ronds à l’avant et ses faux extracteurs d’air à l’arrière, à la place des vitres de custode. Sur la version TS, un bossage sur le capot ajoute du muscle à l’ensemble. Même si ils sont toujours culbutés, les moteur sont plus musclés : si la R17 TL reprend le moteur de la 15 TS, la 17 TS profite pour sa part, du moteur 1.6 de la R12 Gordini, à culasse hémisphérique et alimenté par une injection D-Jetronic, dégonflée de 113 à 108 chevaux. Mais la 17 TS récupère également une boite 5 vitesses et des disques aux roues arrières ! Du coté des performances, le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 10″ et la vitesse de pointe s’établit à 185 km/h

Renault 17

C’est bien, mais trop peu pour entrer dans le sérail des « véritables sportives ». Poussée dans ses retranchements, la traction avant avoue également ses limites en révélant un sous-virage prononcé.

Evolutions

En septembre 1972, pour le millésime 1973, Renault introduit la version découvrable au catalogue de la Renault 17. Pour le millésime 1974, le moteur à injection des R17 TS passe de 1565 cm3 à 1605 cm3 sans changement de puissance. Pour le millésime 1975, la R17 TS est rebaptisée R17 Gordini mais ne gagne que des vitres teintées et un pare-brise feuilleté

Renault 17 phase 2

Début 1976, la gamme est remaniée à l’occasion d’un restylage avec notamment une calandre totalement nouvelle qui ne conserve son chrome que dans la partie basse, la partie haute étant peinte de la couleur de la carrosserie. Le hayon devient totalement affleurant et un bandeau réfléchissant rouge relie les feux arrières « comme sur les Porsche ». A l’intérieur, la planche de bord est remaniée mais devient plus conventionnelle en perdant ses casquettes individuelles. Enfin, de nouveaux sièges baquets cossus de type « pétales » font leur apparition dans la gamme.

Les sièges Petale de la Renault 17 phase 2

La R15 est proposée en version TL / 60 cv et GTL avec un nouveau moteur 1300 de 75cv au lieu du 1600 de l’ancienne TS. La 17 est proposée en TS / 98 cv (avec le 1647cc à carburateur de la R16 TX équipé de sa boîte à 5 rapports) et en Gordini 108 cv, en version découvrable et coupé.

En plein choc pétrolier, les 15 et 17 de la Régie se sont embourgeoisées, privilégiant la qualité perçue plutôt que les performances. La gamme n’évoluera plus jusqu’à la fin de la production: la Renault 17 Gordini sort du catalogue au début de l’année 1978. En juin 1979, l’ultime coupé R17 sort des chaînes de Maubeuge.
Mais avec plus de 300.000 exemplaires en 8 ans de carrière, les Renault 15 et 17 ont constitué un succès indéniable pour Renault, et elles restent ancrées dans nos mémoires comme « de sacré bagnoles »

Duo Renault R15 et R17

A retenir

La version la plus désirable est bien sûr la 17 TS/Gordini, qui est la seule à profiter de freins arrières à disques et de la boîte à 5 vitesses. La version découvrable est la plus rare de toutes.
De 4.000 euros pour une R15 TL, la cote peut s’étirer jusqu’à 18.000 euros pour une belle R17 Gordini
Mécaniquement, les moteurs issus des grandes séries 12/16 sont increvables, à condition d’être régulièrement entretenus.
Vigilance sur la rouille, le premiers véritables traitements de galvanisation des coques n’ayant été généralisés qu’à la toute fin des années 70.

Attention, les R15/R17 sont des voitures rares, et à fortiori en bon état. Même si 300.000 exemplaires ont été construits, peu ont survécu jusqu’à aujourd’hui. A l’heure où nous publions cet article, il y en a moins d’une cinquantaine sur le marché en Europe. A titre de comparaison, il y a 800 Porsche 356 disponibles à la vente …

Renault 17 Gordini

Nous, on adore ces voitures parce qu’elles ne sont jamais prises pour ce qu’elles ne sont pas, mais leur ligne est belle, leur mécanique est généreuse et fiable. Et surtout, elles sont représentatives de la volonté de Renault d’être présent (à son échelle) sur le marché des coupés sport dans les années 70, en parallèle du programme Alpine…

Notre choix

Il se portera indéniablement sur une 17 TS/Gordini comme la bleue ci-dessus, sans le découvrable (risque d’infiltrations et rareté qui gonfle les prix) et en version « phase 2 » relookée avec les sièges « pétale » et le moteur 1647cc de la 16 TX à carbu proposée à 17.000 euros. Explication : l’injection D-Jetronic est très compliquée à dépanner et plusieurs de ses éléments/capteurs sont introuvables. Et on adore ce coté typé hyper seventies qui ouvre sur le design intérieur des futures A310 et R5 Turbo.

Renault 15

Si le budget est serré, on se tournera vers une belle 15 GTL en 1300/75cv, toujours en phase 2 avec les sièges pétale, comme ce modèle 1978 avec 63.000 km d’origine proposé à 6.900 euros.

Et comme on achète rarement une Renault pour faire des chronos, le moteur sera largement suffisant pour se faire plaisir !

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4 comments

  1. Vous préférez la phase 2 …. étrange. Je serai plutôt parti sur une 17 TS de la première heure avec la spécificité de l’injection …

    1. Oui, mais c’est forcément subjectif. L’injection marche bien … quand elle fonctionne. Mais les composants du calculateur ont aujourd’hui 45 ans et ils ont vieillis, notamment les condensateurs. Nous préférons donc la simplicité d’un carburateur et le coté kitsch de l’intérieur modernisé, moins austère que sur la phase 1.

  2. C’est vrai qu’elles sont sympa, et qu’elles représentent un moment de nos vies (enfin pour ceux qui ont plus de 50 ans). Mais c’est des sportives canada dry. Traction avant, moteur en porte-à-faux avant, elles sont très sous-vireuses et n’ont pas un comportement routier un tant soi-peu sportif. Alors on fait « comme si » c’était des sportives. On colle des bandes sur la carrosserie, un met un pot Devil mais c’est tout.

    1. Bonjour.
      On ne fait pas « comme si ». Le reportage le dit clairement. On ne prend pas ces voitures pour ce qu’elles ne sont pas. Et elle sont aimées pour ce qu’elles sont. De jolies voitures, abordables par rapport à ce que proposait le marché (oui oui des voitures mieux finies plus puissantes et sérieuses c’est sur), permettant au commun des mortel de se faire plaisir, tout simplement.

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