La SM Citroen, c’est la grande GT Francaise des années 70. Sexy, bourrée d’innovations, motorisée par une mécanique Maserati, elle fut la parfaite représentante du génie de la marque aux chevrons, même si sa carrière fut injustement écourtée…
Au milieu des années soixante, il n’y avait plus de GT française… Le haut de gamme chez Renault était la R16, chez Peugeot, c’était la 504. Chez Citroen, la DS représentait le summum de la production française, mais ne pouvait pas rivaliser avec les Jaguar anglaises ou les Mercedes d’outre-Rhin. Citroen vit là l’opportunité de créer une « GT à la française » et de rejoindre le gotha des constructeurs les plus prestigieux. Pour ce faire, Citroen se donne des moyens et rachète Maserati en 1968, pour accéder à un véritable moteur sportif.
Une ligne futuriste
La ligne de la SM est à la fois inspirée de la DS avec son long capot fuyant mais reprend une porte de coffre à hayon et une grande baie vitrée arrière. Délibérément et profondément « Citroen », sans être éminemment sportive, l’allure générale de la SM est nettement plus agressive et évocatrice que celle de la DS et l’on devine facilement tout le travail aérodynamique accompli (le CX est de 0,339). Les chromes sont un peu ostentatoires à l’arrière … il fallait faire « luxe » ! Une des principales caractéristique de la SM c’est l’absence de calandre, remplacée par une sorte de verrière en plexiglas abritant 6 projecteurs et la plaque d’immatriculation…
Des innovations techniques à la pelle
La SM Citroen, c’est aussi 4 freins à disques assistés, une direction assistée à rappel asservi à la vitesse, la première voiture européenne à proposer un volant réglable en hauteur et en profondeur, la première voiture à pare-brise collé, six projecteurs (dont 2 directionnels) à réglage hydraulique automatique et continu de l’assiette, des jantes composite ultra légères, des freins à disque montés en sortie de boite pour diminuer le poids non suspendu et, bien entendu, la suspension hydropneumatique Citroen permettant de concilier efficacité et confort.
La voie AR est plus faible que celle de l’avant, ce qui donne cette impression de voiture moins large à l’arrière qu’à l’avant. A l’intérieur, tout est ovale, du volant aux compteurs, donnant un cachet irrésistible à la SM.
Une mécanique prestigieuse
La SM est animé par un V6 Maserati. Ce moteur est dérivé d’un V8 et installé en position « centrale avant » c’est à dire du coté habitacle, la boite étant repoussée vers l’avant de la voiture. Cette disposition pensée pour l’efficacité et la répartition des masses aura de lourdes conséquences ultérieurement : l’accès à la chaine de distribution est impossible et pour effectuer les réglages il devient nécessaire de déposer le moteur de la voiture, une solution très coûteuse quand justement la distribution s’avère un peu capricieuse.
Ce V6 de 2670cc est équipé de 4 arbres à cames en tête, de 3 carbus Weber 42 DCNF et développe 170cv pour propulser la voiture à 220 km/h. En 1972, les carbus laisseront la place à une injection Bosch D-Jet (DS, 914, Volvo P1800 …) lui permettant de revendiquer 178cv et 228 km/h. Elle devient alors la traction avant la plus rapide du monde !
Une histoire abrégée
Sortie en 1970 (millésime 71), elle reçu un accueil plutot favorable, mais vendue 100.000 francs de l’époque, soit le double d’une Porsche 911 S ou dix fois le prix d’une R16, elle eu du mal « à trouver son public ». Produite au final à un peu moins de 13.000 exemplaires, Citroen n’a jamais pu atteindre les marges escomptées. Pire, au bord de la faillite en 1975, Citroen jette l’éponge, abandonne la couteuse SM et revend Maserati à un consortium d’Etat italien. Si officiellement, l’échec de la SM a été portée à la fiscalité pénalisant les grosses cylindrée, à l’envolée du prix de l’essence et à l’entrée en vigueur des limitations de vitesse en France, les causes sont probablement plus intimement liées à la voiture en elle-même. En optant pour un moteur dont toute la conception et la fiabilisation n’ont pas été maîtrisé, en ne hissant pas le niveau de son réseau d’entretien à la hauteur exigée pour une mécanique aussi pointue, la SM Citroen a surtout souffert d’une image de voiture compliquée et difficile à régler. Le concept de grand tourisme, quasiment inconnu en France, royaume de la Deuche ou de la 4L, n’a pas non plus été le booster espéré. Erreurs à la conception, ambition technique trop forte, marketing hasardeux … la SM est une voiture incomprise.
La SM Citroen aujourd’hui
Il reste aujourd’hui de nombreux exemplaires de SM roulants qui font la fierté des passionnés et des amateurs d’anciennes, tant sa ligne est hors du commun et sa technologie ahurissante pour l’époque. Au fil des ans, plusieurs spécialistes ont oeuvré pour fiabiliser la mécanique Maserati, notamment la distribution modifiée et fiabilisée par Regembeau via un système mécanique très astucieux.
Rare et désirable, la SM Citroen est une GT pétrie de qualités au comportement routier bluffant pour une voiture de cette époque, et surtout représentative de la folie et du génie de Citroen de cette époque. Même si elle reste un véhicule globalement fiable, sa technicité extrème exige des compétences techniques au dessus de la moyenne pour assurer son entretien.
La cote :
18 à 28.000 euros pour un exemplaire en bon état. Les exemplaires exceptionnels peuvent s’approcher de 40.000 euros.
Tendance :
A la hausse
Notre choix :
Sans hésitation, un véhicule restauré et fiabilisé. Attention aux épaves « à restaurer » qui se transforment en gouffre financier et « never ending story ». Ce modèle, à la carrosserie restaurée et la mécanique fiabilisée a changé de mains au début 2015 contre 26.000 euros
SUBLIME MAGNIFIQUE … pas assez de mots dans la langue française pour qualifier cette merveille pleine de déffauts ; et donc de caractère… on l’adule ou on la déteste mais elle est inégalable encore aujourd’hui sur bien des points…
Dommage que nos constructeurs n’est plus cette audace voire folie pour produire ce genre d’autos.