De nombreuses voitures de sport européennes ont été importées aux États-Unis après la guerre et certaines d’entre elles, comme la Jaguar XK120 ont acquis une grande popularité. Cependant, beaucoup ne répondaient pas aux exigences des Américains au premier rang desquelles le confort, qui n’était pas forcément le point fort des sportives européennes.
C’était une attente évidente du marché pour une voiture de sport made in America à laquelle General Motors a répondu dès 1953, en lançants sa Chevrolet Corvette qui deviendra la première véritable voiture de sport de série aux États-Unis, une véritable légende et aussi américaine que les Hot Dogs, le Baseball et l’Apple Pie. Et à l’image de la Porsche 911 elle est toujours en production en 2021.
Les débuts hésitants de la Corvette
Celle qui deviendra la Corvette fait ses débuts en tant que concept-car sous le nom de code EX-122 au salon de l’auto Motorama de GM de 1953, où la voiture a obtenu un accueil incroyable. Fort de ces encouragements, GM a démarré la production à peine six mois plus tard. Son nom commercial a été inspiré par le petit navire de guerre maniable du même nom…
Pour le concept initial, elle devait être aussi longue que la Jaguar, mais plus large, plus basse et disposer d’un pare-brise panoramique. La Corvette a été la pionnière dans l’utilisation d’un nouveau matériau composite révolutionnaire – la fibre de verre – sur une voiture de série. Une telle carrosserie a donné au modèle des avantages significatifs en termes de poids (et donc de performances) par rapport à ses rivales.
Ses signes de distinction visuels consistaient dans une calandre « à dents » chromée, un immense pare-brise panoramique et ses feux arrière en forme de balles. Le logo original de la Corvette intégrait le drapeau américain, même si plus tard il a été abandonné, car l’association du drapeau à un produit commercial a engendré des polémiques. Harley Earl, concepteur en chef chez General Motors, reconnaît que le style à dents ouvertes de la calandre a été copié sur les modèles Ferrari de l’époque.
Le premier exemplaire sort des chaines le 30 juin 1953, dans une livrée « Polo White » avec une capote noire et un intérieur rouge. Le petit roadster deux places en fibre de verre est doté d’un moteur six cylindres en ligne Chevrolet de 3,9 L développant 160cv baptisé « Blue Flame » et d’une boîte automatique à deux rapports. 300 exemplaires seront produits en 1953. Malgré son style racé, le moteur six cylindres de 3,9 litres était considéré comme insuffisant pour les Américains. Les finitions sont médiocres et des infiltrations d’eau sont à noter un peu partout. Le manque de rigidité de la caisse en fibre fait que les portes peuvent s’ouvrir en marche. Bref, ces premières autos fabriquées artisanalement ne sont pas vraiment au point et les premiers retours ne sont pas forcément positifs, malgré les efforts de GM pour montrer des stars de cinéma au volant de sa Corvette.
Fin 1953 GM déménage la production de Flint dans le Michigan à la nouvelle usine de Saint-Louis où l’on peut produire jusqu’à 10.000 voitures par an ! La qualité de construction est largement améliorée.
Enfin le succès à partir de 1956
Mais sur les 3640 véhicules produits en 1954, 1100 ne trouvent pas d’acquéreur. En 1955, Chevrolet à deux doigts de stopper la production, avant de proposer une nouvelle motorisation, un small-block V8 4,3 L de 195cv qui évoluera au cours des années jusqu’à 5,4 L (327 ci) et 360cv. Une boîte manuelle à trois rapports est également proposée, fin 1955, pour les modèles équipés du V8. À partir de 1956, le 6-cylindres est abandonné et seule la motorisation V8 est conservée avec un 283 ci. La C1 est entièrement relookée en 1956, puis en 1958 adoptant deux doubles phares à l’avant, puis un nouvel arrière à partir de 1960. Malgré ces chiffres de puissance, le freinage de la Corvette C1 restera confié à 4 tambours.
Le remplacement du moteur six cylindres en ligne de la Corvette par le V8 small block l’a transfigurée et elle est devenue l’une des voitures les plus désirables aux USA. À une époque où les chiffres de puissance comptaient le plus, ces nouvelles mécaniques ont relancé les ventes et la popularité de la Corvette. Ainsi a démarré la légende de la sportive américaine pure qui perdure encore aujourd’hui et qui a par la suite donné naissance à toute une lignée de sportives made in America.
Entre 1953 et 1962 General Motors a produit 68 915 unités de Chevrolet Corvette C1, parfois connue sous le nom de Mk1. Aujourd’hui, le ticket d’entrée pour une C1 est de l’ordre de 50.000 euros mais les prix grimpent facilement à 100.000 euros pour les plus beaux modèles. Quant aux premiers exemplaires fabriqués en 1953 de façon quasiment artisanale, ils font désormais partie des objets de collection les plus convoités, dépassant fréquemment le 1/2 million de dollars dans les grandes maisons d’enchères !
Les différentes générations de Corvettes s’enchaineront jusqu’à aujourd’hui, avec des versions plus ou moins marquantes, mais toujours avec une démesure toute américaine dans les motorisations.
La C2, de 1963 à 1967, dont la version coupé arborait la magnifique lunette arrière « split-window »
La C3 de 1968 à 1982, avec l’intemporelle ligne « Mako Shark » et ses variantes
La C4 de 1983 à 1996, dont la version ZR-1 établira le record de vitesse terrestre maximale en 24 heures et 8 000 km, dépassant une vitesse moyenne de 283 km/h sur 24h en 1990.