jeudi, novembre 21 2024

Matching Numbers est un angliscime que l’on entend de plus en plus dans le monde de l’auto de collection. Ce serait une sorte de Graal des temps modernes, une sorte d’aboutissement ultime voire une corne d’abondance pour tout possesseur de voiture de collection. Mais ce terme est-il employé à bon escient ou galvaudé ? A-t-il les vertus qu’on lui prête ou est-ce un cache sexe ? AutoCollec fait le point …

Matching Numbers : la définition

Le terme matching numbers signifie littéralement « numéros correspondants ». En langue française, celà veut dire que l’ensemble des éléments de la voiture identifiables par un numéro sont bien ceux présents à la sortie d’usine, donc à minima pour le trio châssis, moteur et boite de vitesse, l’ensemble étant généralement attesté par un « certificat d’authenticité » délivré par le constructeur. Mais pour certains, le challenge va plus loin. Par exemple, les amateurs de Porsche 356 s’inspirent du fait que le constructeur frappait certains autres éléments du numéro de série : train avant, bras de suspension, ouvrants ….

Mais l’intégrisme ne s’arrête pas là. Pour certains, la définition de « matching numbers » c’est une auto dans sa STRICTE configuration d’origine. Teinte d’origine, aucun ajout d’équipements, sellerie et options strictement indentiques à la sortie de l’usine. Toujours dans le monde des 356, l’exigence va parfois jusqu’à avoir les 4 jantes frappées du mois de production de la voiture. Et l’air dans les pneus également ?

Ne tombons pas dans la caricature, merci.

Depuis quelques années, les émissions de télé-réalité vantant l’achat et la revente lucrative de véhicules de collection usent et abusent du terme « matching numbers » à tous bouts de champ. Un sacralisme bien éloigné des pratiques des années 50, 60 ou 70, une époque où les registres étaient tenus manuellement engendrant leur lot d’erreurs. Et puis par exemple, c’est quoi une Alpine A110 « matching numbers » ? Celle qui a son petit moteur de sortie d’usine ? Ou le moteur Gordini préparé qui lui a permis de se faire un palmares ?

Mais à l’époque, la fiabilité était aléatoire et il était habituel de devoir remplacer un moteur. Venait alors souvent un moteur échange standard, adoptant une numérotation spécifique. La voiture ayant un moteur du même type qu’à l’origine, mais pas le même numéro serait donc « moins bien » pour les intégristes du « Matching Numbers »…

La question de l’authenticité

La vraie question qui se pose est celle de l’authenticité du véhicule pas une question de numéros gravés. A notre sens, une voiture qui reste dans sa configuration d’origine, même si quelques éléments ont été remplacés par des éléments identiques provenant d’une autre voiture a exactement la même valeur que si il s’agissait des éléments originaux.

Ce ne sont pas des numéros frappés ou gravés qui vont déterminer la fiabilité et le plaisir de conduire que procure une voiture de collection…

La dictature du « marché »

A force de voir des présentateurs TV rabacher qu’une voiture de collection doit « absolument » être Matching Numbers, ça en devient un argument de vente imparable. Les acheteurs nous demandent maintenant « elle est matching numbers ? » avant même de demander si la voiture roule bien, si il y a de la rouille ou pas ! Cela ne garantit rien mais ça rassure le novice…

Les dérives …

Avec le matching numbers érigé en religion absolue on observe des dérives prévisibles. L’appat du gain n’a pas de limites … on préfèrera garder un carter moteur déformé mais frappé des bons numéros plutôt que de le remplacer par un autre. Des moteurs suralésés sont présentés comme « matching » avec les bons numéros mais n’ont plus grand chose de l’origine, plusieurs voitures se découvrent avoir le même numéro de série, certains professionnels semblent avoir le refrappage de numéros un peu facile … si bien que l’on commence carrément à parler de contrefaçons !

Conscients de ces problèmes, certains constructeurs refusent désormais de communiquer leurs archives. Par exemple, Volkswagen ne fournit plus les numéros de moteur mais seulement le type sur ses « Certificats de naissance ». Une façon de désacracaliser l’importance de ces numéros…

Retrouver le sens de l’Auto de Collection

Pour beaucoup trop de monde, l’Auto de Collection n’est plus qu’un produit commercial qu’il faut donc formater, marketer et étiqueter. Mais la « concordance des numéros » ne garantira jamais que c’est une « bonne voiture ». Elle ne garantira pas qu’elle est fiable, elle ne vous donnera pas plus de bonheur en la conduisant.

La dictature du Matching Numbers

Parce que ce qui est important à l’achat, c’est de trouver une « bonne » voiture, pas une voiture « matching numbers ». Au mieux, c’est un bonus. Mais ce n’est pas ça qui fait la VALEUR REELLE d’une voiture.

La dictature du « Matching Numbers », c’est bon pour la téléréalité et tous ceux qui font passer le business avant la passion.

A vos commentaires !

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18 commentaires

  1. Vous touchez du doigt deux problèmes. La capacité de discernemet des gens qui sont des moutons et ne font que répêter ce qu’on leur matraque à longueur de temps.
    D’autre part, vous osez évoquer le phénomène de contrefaçon qui règne (parfois) dans le milieu de la collection. Bravo, car il y aurait beaucoup à dire …

    1. Remplir un chèque est tellement plus facile que de de changer un moteur.
      A tous les passionnes de voiture de collection, à tous les mécanos aux ongles abimes et aux mains tachées.
      l argent ne remplacera jamais la passion
      la spéculation hélas est bien la, dans le monde de la collection auto.
      combien de propriétaires qui n ont jamais mis les mais dans le camboui.
      peu importe roulez ,faites vous plaisir mème si votre auto n a pas sa place
      dans les garages expo de speculateurs en tout genre ,elle vaut tout l or du monde car elle est le fruit de votre travail.
      et ça ca ne s ‘achete pas.

  2. Complètement d’accord avec ce très bon exposé, MERCI !!
    Parcequ’il y en à marre des spéculateurs, qui font les ENORMES PRIX du marché actuel, de la vraie voiture de collection, telle que vous l’avez bien expliqué.
    STOP aux enchères démesurées, et tous ces prix de salons exorbitants.
    Place aux vrais collectionneurs, passionnés, amoureux de leurs marques et modèles fétiches, tant rêvés, souhaités, depuis bien nombres d’années d’économies .
    Pour pouvoir enfin se les offrir un jour, ce jour tant attendu, par ce vrai collectionneur d’ancienne…

  3. Avec les youngtimers, vous pouvez plus facilement contrôler la correspondance des équipements ou options, en vous basant sur l’étiquette d’origine constructeur. Tout y figure, de la couleur de la carrosserie aux options majorantes ou minorantes.
    Au chapitre des contre-exemples , toutes ces autos avec plaques rivetées… qui se déplacent donc au gré des riveteuses…
    Et comme vous l’indiquez si justement, un élément qui DOIT être remplacé impliquera, à juste titre un autre numéro de pièce qui est pourtant légitime!
    L’intégrisme ne devrait-il pas plutôt s’exprimer en direction de:
    – la conformité de l’origine de l’auto
    – le respect de l’histoire de l’auto?

    1. les Autos mythiques qui courent sur circuit sont une remarquable illustration de l’inanité du matching numbers.
      Par exemple, ces 250 GTO menées hardiment, régulièrement accidentées et qui cassent des moteurs: quelles sont les pièces qui sont encore d’origine ? Et qu’est ce que « l’origine » d’ailleurs ?!?
      Et pourtant nous sommes unanimes pour dire qu’elles sont magnifiques !
      Et ces E Type Lightweight qui courent avec des blocs alu qui n’ont jamais existé dans les années-là….
      Bref ! La beauté est dans l’oeil du spectateur

    2. Tout à fait d accord, l essentiel c est que le véhicule fonctionne bien et qu’ il soit agréable à regarder et à conduire.

  4. Bon article équilibré, merci ! J’ajouterais quand même que si les vrais amateurs avec un peu de kilométrage n’ont pas besoin des ces « matching numbers », je comprends que les nouveaux ont besoin de se raccrocher à quelque chose pour être certains de ne pas se faire avoir quand ils achètent une voiture… Si ces « matching numbers » plaisent, c’est peut-être aussi parce que c’est simple à comprendre, dans un secteur où les arnaques pullulent ! Vous allez me dire qu’avec un peu d’expérience, on n’a pas de problème. Mais au début, l’expérience… on n’en a pas !
    PS Pas mal de fautes de syntaxe dans l’article quand même, faites-vous relire !

  5. Bonjour et merci pour votre analyse « Matching Numbers »

    Ce matchnin gnumbers, c’est d’une stupidité incommensurable.
    Mon opinion sur les voitures anciennes (je déteste le mot collection) est que leur qualité de fabrication ultime est 1975 environ. Donc une auto d’au moins 45 ans. Comment peut on imaginer que des véhicules âges de 45 à 100 ans puissent être dans un état strictement d’origine? Les constructeurs eux mêmes proposaient des améliorations et de nombreuses officines préparaient votre voiture.
    Et il y a longtemps certaines autos de marques prestigieuses, françaises entre autre, ont connu plusieurs carrosseries!!!
    C’est quoi l’origine?
    Personnellement je ne suis plus « Matching Number » j’ai reçu une prothèse d’épaule…
    Enfin, je pense que cette mode différencie les spéculateurs ignorants et les vrais amoureux des belles anciennes.
    Bien sincèrement.

  6. Entièrement d’accord avec votre article, je possède une ancienne que je restaure et fais réparer ce qui dépasse mes compétences, je le fais pour garder cette auto , rouler avec et prendre du plaisir, cette auto de série 3 est décrite par les sois disant puristes comme inintéressante toutefois elle restera dans ma famille et je me fiche bien qu’ elle soit matching ou pas …

  7. Faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
    Avoir une voiture « matching » c’est bien… mais c’est pas forcément « mieux » qu’une voiture qui ne l’est pas. C’est tout ce monde de la spéculation qui invente des critères de plus-value pour maximiser ses marges.
    Alors effectivement il ne faut pas surjouer le coté « matching » comme le font les animateurs de téléréalité en France ni tomber dans des dérives douteuses au motif de surcoter un véhicule.

  8. Bonjour à tous..je ne vois que des personnes d accord avec cet article alors au risque de m attirer les foudres de vous tous je me permets de vous donner mon humble avis..je suis amateurs et collectionneur d autos et motos des années 60 a 80 et j en ai fait mon métier depuis maintenant 30ans..je pense que toutes ces années d expérience me donnent suffisamment de recul et une vision objective du monde du véhicule ancien..
    J attache de l importance à trouver des véhicules avec les numéros de châssis et moteur correspondants à la mise en service du constructeur..sur les centaines de motos japonaises ,,anglaises ,,américaines que j ai vendu ,toutes ont leurs bons numéros et je doute qu un acheteur de Honda CB750K0 de 1969 ( je site ce modèle car connu de tous) ferme les yeux et n accorde pas d importance si la machine n est pas équipée du « bon « moteur..et bien entendu la valeur n est pas la même..je peux citer aussi la kawasaki 900Z1 équipée d un moteur de Z1000 et la triumph bonneville 650 équipée du 750 qui peuvent se monter en lieu et place sans modification de châssis..en tant que professionnel il est essentiel de veiller à ces « détails » et comme nous le savons tous une réputation est difficile à construire mais si simple à démolir..
    Pour les autos j applique les mêmes règles …et j exclu de mes recherches un véhicule au moteur change ( sauf échange standard constructeur documente)..j ai rarement rencontré un amateur de Porsche qui ne pose la question des numéros..
    Bien entendu je parle de véhicules à usage routier diffusés à des milliers d exemplaires et non de voitures destinées aux circuits et autres engagements sportifs ou de véhicules à la diffusion rare.
    Enfin concernant l article je trouve les termes « dictatures » et « caricatures « certes accrocheurs mais un peu décalés,on reproche trop souvent aux professionnels leurs manquent de conseils et leur appât du gain alors laissons le choix final du « matching » ou pas à ceux qui le souhaitent mais ce choix pèse dans la balance financière et de qualité originelle..bien à vous et bonne route.
    Jean-Pierre

  9. Le « matchning numbers », le « barn find » …. tout ceci n’est que brassage d’air destiné effectivement à inventer de la valeur commerciale.
    Quoi de plus simple que de refrapper un châssis ? Un moteur ? Une transmission ? D’ailleurs, nos garagistes des années 60 et 70 ne s’en privaient pas. Evidemment, comme maintenant le matching numbers se décline en plus value, pas étonnant que des petits malins fassent « correspondre » moteur et châssis ! Les gens n’obtiennent que ce qu’ils ont semé, à vouloir transformer la passion en business.

  10. C’est un article intéressant, pas assez diffusé.
    Il est vrai que la plupart des conducteurs des années 60 et 70 (et même avant) se fichaient pas mal du numéro de moteur ou de boite ou de jante, du moment que leur voiture continuaient à rouler.

    Dans le trio idiot de l’obligation d’authenticité, dont fait partie le « matching », vous avez oublié la « boite à outils » et le « cric » ! Bientôt, il faudra aussi le chiffon de pare-brise et le ticket de parcmètre, pour que la voiture soit authentique…

    1. Il ne tient qu’à vous de partager cet article plus largement via Facebook, Twitter ou par mail avec vos correspondants !

  11. Tout à fait d’accord avec l’analyse sur la bulle boursière, et le phénomène matching numbers.
    Les placements traditionnels en banque, bourse, et autres ne rapportent plus suffisamment. Du coup une clientèle de financiers et de spéculateurs s’est intéressée au marché des voitures anciennes.
    D’où la flambée des prix totalement injustifiée !
    Il y a eu le même phénomène dans les ventes de vin que je connais bien. J’ai le souvenir du Château Lafite Rothschild qui du jour au lendemain s’est vendu 1000 euros la bouteille sur le marché asiatique.
    Une mini bulle s’était installée sur ce château, relayée par la presse.
    Rapidement les asiatiques ont compris qu’on ne leur vendait que du rêve !
    La bulle baissera réellement le jour où les placements traditionnels retrouveront un rendement plus rémunérateurs , qui permettra aux vrais collectionneurs, de tous horizons, de retrouver leur place.

  12. Bonjour
    Je ne suis pas d’accord avec tous les arguments «  »spéculateurs » etc ! Le Matching pourrait laisser supposer que la voiture n’a pas trop souffert .
    Pour les sublimes autos qui marchent sur circuit , il n’y en plus une d’époque .Celles d’époques sont précieusement conservées à l’écart … et Matching.
    Je pense que c’est la règle du jeu . A nous de faire la différence .
    Si j’achète une auto , je la préfère Matche. d’ailleurs les Jaguar sont à 90% Matche , et cela ne pose pas de problème !

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