Et si l’écologie, c’était de rouler avec nos voitures anciennes ?
Et si, face à l’urgence climatique, la vraie recherche de l’empreinte carbone minimale était de rouler avec nos voitures anciennes dont le coût écologique de production a déjà été assumé ? C’est un véritable challenge qui a été défendu dans une très intéressante thèse de doctorat en sociologie qui remet en cause le discours prédominant.
De longue date, les décideurs politiques multiplient les actions qui enjoignent les citoyens à abandonner leurs voitures thermiques pour des véhicules électriques. De la Chine aux USA, en passant par l’Europe, la voiture électrique doit supplanter les voitures thermiques. On subventionne les achats avec des « bonus », on exfiltre des villes via les ZFE les voitures d’avant 2010, on projette d’interdire la vente des voitures thermiques … Tout le spectre de la communication autour de l’automobile contemporaine est désormais dévolu à « la voiture électrique ».
Se servir de l’existant c’est écolo
Dans le discours environnemental, la promotion de l’économie circulaire, du cycle court, de la réutilisation tient à juste titre une place importante. Malgré cela, il semble impossible de faire admettre aux écologistes que conserver et faire rouler une “voiture ancienne » plutôt que d’en fabriquer une neuve permet d’économiser des hectolitres d’eau, des kilos d’acier, de caoutchouc et de plastique, etc.
Il prennent le problème par le petit bout de la lorgnette, en ne tenant compte que de la pollution des gaz qui sortent de l’échappement des voitures, plutôt que d’analyser le cycle de vie intégral, de la fabrication au recyclage en passant par l’usage…
Le refus du greenwashing
Pour la plupart d’entre nous, refuser d’acheter une voiture électrique ou hybride relève également d’un scepticisme assumé envers les intentions écologiques réelles des constructeurs. La voiture électrique nous parait bien bien plus polluante qu’on nous la présente, notamment par sa production exigeant l’extraction de métaux précieux tels que le lithium ou le cobalt mais également par sa réparabilité moindre et son recyclage complexe. Qui peut décemment qualifier d’écologique un SUV électrique comme le Mercedes EQC de 400cv et 2,5 tonnes ? Soyons sérieux …
En cause également, l’hyper-technologisation des voitures électriques qui fait elle aussi l’objet de méfiance (voire de rejet) ajoutée à la planification de leur obsolescence. Là encore, c’est la logique de remplacement précoce qui est critiquée, et avec elle la stratégie consistant à rendre chaque modèle rapidement obsolète en le remplaçant par un autre ou en en proposant une version restylisée.
Rouler moins mais mieux
Nous sommes nombreux à être adepte du « daily driver », à rouler avec nos voitures anciennes. Combien sommes nous à rouler au quotidien dans une Renault 4 des années 80 ? Elle pèse 700 kg et a un appétit d’oiseau. Elle est spacieuse et elle passe partout. Surtout, elle rend les mêmes services qu’une Toyota Yaris Hybrid contemporaine pesant 1,2 tonne !
Certes, si on les compare aux voitures récentes, ces anciennes sont moins confortables et moins sécurisées. Ca exige une attention plus soutenue de la part du conducteur qui doit davantage faire preuve d’observation et d’anticipation, au lieu de se reposer sur des assistances de maintien dans la voie ou de freinage d’urgence. Elles ne bénéficient pas de régulateurs de vitesse, d’aide au freinage d’urgence, ni même de direction assistée (pas la peine, avec un poids contenu).
Mais parce qu’elles se trouvent à l’opposé des impératifs d’efficacité et de sécurité contemporains, rouler avec nos voitures anciennes devient l’outil idéal pour se défaire du sentiment d’accélération et de stress qui caractérise notre époque, en pratiquant une mobilité « cool ».
Bien plus fiables
Les anciennes, parce que bien plus simples technologiquement, se révèlent souvent bien plus fiables qu’une contemporaine. Les 300.000 km sont monnaie courante chez les anciennes, alors que les pannes électroniques, les problèmes de « version logicielle », les modèles lancés trop vite en manquant de mise au point sont légion sur les véhicules modernes que l’on nous annonce « écologiques ». Que dire des nouvelles marques de voitures électriques qui promettaient monts et merveilles, qui voulaient changer la vie et sauver la planète et qui se retrouvent aujourd’hui dans le rouge ou carrément en dépot de bilan (Fisker), laissant sur le carreau ceux qui ont cru aux promesses ?
Bien moins chères
Peu coûteuses à l’achat comme à l’entretien, les voitures anciennes font un véritable pied de nez à leurs concurrentes « propres et modernes ». Une Toyota Yaris Hybride, c’est l’archétype de le bonne élève moderne. Son tarif neuf va de 23.500 à 31.500 € pour une puissance de 116 à 130cv. Mais qui a besoin de +100 cv pour se déplacer en ville entre 30 et 50 km/h ? Une Renault 4, une VW Golf, une Fiat Uno, une Lancia Y10 des années 80-90 ne coûteront que quelques milliers d’euros pour rendre exactement le même service / usage. Et si évidemment, elle avoueront leurs limites sur autoroute, elles s’aventurent sans le moindre problème sur les rocades et voies rapides.
Et l’on pourrait faire la même comparaison avec des berlines, Renault 16, Peugeot 405, BMW 518, Passat, Saab 900 … elles restent des voitures totalement capables d’emmener une famille en vacances et de faire la même chose qu’une Captur, qu’une 308, qu’une Audi A3 …
L’inutile course à l’échalotte
Rouler en voiture ancienne, c’est une manière de vivre ses mobilités de façon plus sobre, plus cool, en privilégiant la qualité (du trajet, de l’objet…) plutôt que l’abondance d’inutilité.
La voiture moderne, c’est le syndrome du type pressé qui te colle le pare-chocs, qui s’impatiente et te double rageusement dès qu’il peut …. pour se retrouver arrêté au feu rouge suivant juste devant toi.
La course à l’armement, à la technologie n’amène plus aucun progrès, mais juste une différenciation commerciale. Qu’une Tesla affiche 250, 300 ou 400 cv ne changera RIEN au quotidien d’un acquéreur. Il aura juste 100, 150 ou 250 cv inutiles. Qu’une Seat propose des interrupteurs tactiles plutôt que classiques ne changera rien au quotidien d’un acquéreur, ça compliquera juste l’accès au réglage de la clim ou de la ventilation. Le « virtual cockpit » qui remplace nos compteurs et manos ne changera rien au quotidien d’un acquéreur, ça indiquera toujours la vitesse, le niveau d’essence et la température moteur. Le sound-system 22 haut-parleurs qui a remplacé l’autoradio ne changera rien au quotidien d’un acquéreur, les infos sont toujours celles de RTL ou France Info. Elles ne sont ni meilleures ni différentes. C’est juste plus fort. La liste est interminable…
On confond aujourd’hui évolution technologique avec progrès. L’évolution technologique n’est qu’une arme commerciale destinée à vider nos comptes en banque. Bien entendu, les défenseurs de la voiture électrique opposeront l’économie de leur voiture électrique à l’usage. Mais où est l’économie quand il faut débourser 40, 50 ou 60.000 euros pour accéder à la soi-disant économie ? Sans même aborder le farwest du tarif des recharges ou la dépréciation à long terme de la chouette voiture électrique …
L’efficience environnementale passe par la sobriété. Surement pas par la construction de millions de monstres d’acier, alu, plastique, nickel, lithium et cobalt. Ca passe avant tout par un mode de vie plus frugal où rouler avec nos voitures anciennes doit être vue comme une chance et non pas un péril comme on voudrait nous le faire croire.
L’idée est bonne, les arguments se tiennent et sont difficilement contestables.
MAIS l’humain est ainsi fait qu’il préfère dépenser 80.000 euros dans un SUV électrique toute neuf et se féliciter d’économiser 1.500 euros de SP95 par an plutôt que de rouler dans un Matra Rancho à 6.000 euros …
L’humain est ainsi fait qu’il préfère l’espace feutré et climatisé, le GPS avec cartes satellites, le réglage lombaire électrique, les plastiques moussés et les vitres électriques d’une berline neuve au ventilateur basique et aux vitres manuelles d’une Ford Taunus de 1976…
Cela ne me dérangerait pas de conduire la Ford Taunus de 76 ou une 4L, j’en ai eu une de 1108 cm cube, très agréable à conduire et économe et pour charger du matériel, on retire la banquette, le fond plat facilite la pose, pourquoi ne pas continuer la production, le modernisme, je m’en passe.
Ma voiture n’a rien d’une ancienne, c’est une Subaru Outback 4X4, 2014 de 2,5 litres à essence, je roule très peu et j’en suis à 29.000 km. Je ne changerais jamais pour un véhicule hybride ou électrique qui vaut très cher, la pile et le chargeur sont à changer aux huit ans. Avec un plein je peux parcourir 600 km en moyenne de 6 h00. Avec une électrique cela me prendrait combien de temps ( l’attente pour accéder au chargeur, la charge et le trajet ) ? Dans certaines régions il n’y a pas de bornes de recharge. Moi je peux avoir plusieurs jerricans de 20 l en réserve là où il n’y a que des pistes non-goudronnées. Essayez de faire de même avec vos voitures hybride ou électrique. Bonne chance. Pas de stations-service, téléphone satellite recommandé.
Bonjour, quel carburant sera encor distribué en 2035, sachant que le bioéthanol détériore les moteurs de nos anciennes?
Si il est question de stopper la commercialisation des véhicules thermiques neufs en 2035, l’immense majorité du parc thermique existant nécessitera du carburant pendant de très nombreuses années. Le SP95, SP98 et E10 resteront longtemps disponibles. Le E10, qui contient « jusqu’à » 10% d’Ethanol n’est pas particulièrement nocif, seules les durites d’essence anciennes pourraient être à remplacer.