mardi, mars 19 2024

Chic et sportif, le break de chasse fait l’union entre la voiture bourgeoise et la voiture de sport. Quoi de plus grisant que de pouvoir cruiser élégamment à 180 km/h en pouvant loger deux chiens de chasse, un sac de golf ou tout bêtement la commode Louis XVI pour la maison de campagne ? Il vous faut alors un “shooting brake”, ou “break de chasse” en français.

Le break de chasse, qui a vu le jour outre-Manche à destination de gentlemen-farmers un peu snobs, est une voiture riche en paradoxes. Elle cultive une rare aptitude à attirer les esthètes, avec une esthétique classieuse, des performances dignes d’un coupé sportif… et une carrière commerciale généralement ratée…

C’est une voiture de sport

Le break de chasse s’appuie sur une plate-forme de coupé sportif, dont il reprend en général le moteur, la boite de vitesse et tous les trains roulants ainsi que les lignes pour la partie avant. Comme une sportive, le break de chasse possède deux portes latérales. Les performances sont très proches de celles du coupé original

C’est une voiture chic

Les lignes générales sont reprises du coupé original. La partie arrière d’un break de chasse est par contre redessinée sous forme de break, avec en général de larges baies vitrées et un large hayon permettant d’accéder à l’espace de chargement.

C’est une voiture bourgeoise

L’intérieur est généralement traité de façon cosy, avec des sièges tendus de cuir et habillé de moquettes épaisses. A l’arrivée, une voiture longue, confortable et généralement particulièrement élégante.

Le concept du break de chasse peut donc se définir ainsi : grand hayon lumineux, deux larges portières, habitacle luxueux et grosse mécanique

Des breaks de chasse

Aston Martin DB5 Ratford break de chasse


Aston Martin DB5 by Ratdford – 1965
Celle qui a inauguré le concept, à la demande de David Brown, le propriétaire d’Aston Martin, qui désespérait de ne pas pouvoir ranger son équipement de golf dans le coffre à bagages de son coupé. Avec les sièges arrière rabattus, le break de chasse DB5 offrait un fantastique volume de charge utile de plus de 1,13 m3. Et coté performances, le moteur 4L de 282cv de la DB5 était capable d’emmener le break à plus de 240 km/h ! La DB5 by Ratford n’a été construite qu’à 12 exemplaires.

Ford Mustang Wagon break de chasse

Ford Mustang Wagon – 1966
Elle n’a pas dépassé le statut de prototype, Ford déclinant déjà sa Mustang en Cabriolet, Coupé et Fastback. Une quatrième carrosserie aurait généré trop d’investissements. Mais quelques carrossiers se sont inspirés des photos du prototype et ont créé quelques exemplaires de break de chasse sur la base de la Mustang

Reliant Scimitar Break de Chasse

Reliant Scimitar GT SE4 – 1964
La Scimitar (‘cimeterre’ en anglais) est l’archétype du break de chasse britannique. Basée sur le châssis d’une Reliant Saber, elle était propulsée par un moteur six cylindres en ligne Ford de 2,6 litres délivrant 120cv. De nombreux composants de la Scimitar provenaient des banques d’organes et d’équipement de modèles concurrents. Ma sa ligne était plutôt réussie et elle acquit une belle notoriété lorsque la princesse Anne d’Angleterre fit l’acquisition d’un modèle construit par Middlebridge, après l’arrêt de la production en 1987

Shootingbrake Jaguar XJS Lynx Inverter

Jaguar XJS Lynx Eventer -1982
C’est le carrossier Lynx qui décida de transformer la classique XJ-S en un élégant break de chasse, à partir de 1982. C’est près de 70 exemplaires qui furent confiés au carrossier pour être transformés. C’est le seul shooting-brake équipé d’un moteur V12

Break de Chasse Volvo P1800ES

Volvo P1800ES – 1972
Basée sur le coupé P1800S en fin de carrière, elle n’a été produite que sur les millésimes 1972 et 1973 avec une robuste motorisation 2 litres injection délivrant 124cv. Pour beaucoup de gens, la Suédoise est aujourd’hui l’incarnation du break de chasse et c’est vrai qu’avec une production d’un peu plus de 8.000 exemplaires c’est un des rares breaks de chasse a avoir atteint la postérité avec la Scimitar.  La 1800 ES est plus équilibrée que le coupé 1800S dont elle dérive, au point d’être plus connue du grand public malgré seulement 2 saisons de production !

Lotus 75 shooting brake

Lotus Elite 75 -1975
La Lotus Elite 75 apparait en 1974, équipée du nouveau moteur type 907, tout alu, double arbre à cames et 16 soupapes de 2 litres délivrant 160 cv. Souffrant malheureusement d’une qualité de fabrication déplorable malgré sa ligne ambitieuse, elle ne laissera pas de bons souvenirs, même si son moteur est remarquable

Jensen GT Break de Chasse

Jensen GT
Apparue en 1975, la Jensen GT était la déclinaison Shooting Brake du cabriolet Jensen Healey, apparu 3 ans plus tôt. Motorisé par un 2 litres à 16 soupapes d’origine Lotus et développant 142cv, elle a souffert d’un manque de fiabilité. Avec un prix de vente élevé, seuls 459 exemplaires furent produits jusqu’en 1976, date de la faillite de Jensen.

Porsche 924 944 Artz – 1981
En 1981, le carrossier allemand Artz présente une Porsche 944 recevant une carrosserie de type Shooting Brake avec un petit hayon à l’arrière. Animée par le 4 cylindres de 170 cv et capable d’atteindre 225 km/h, les 924 944 revues par Artz avait une ligne assez flatteuse, surtout dans sa couleur bleu nuit. Environ 20 Porsche 9×4 auraient ainsi été transformées dans les années 80.

Porsche 924 944 Artz

Porsche 924 & 944 DP Cargo
Dans le même esprit, le carrossier DP Motorsport a proposé sa propose déclinaison du break de chasse sur base de 924 et 944. D’un style plus lourd que l’évolution Artz, les 9×4 « cargo » donnaient le sentiment d’avoir un vrai sac à dos posé en porte à faux à l’arrière du train…

Lancia HPE

Lancia Beta HPE – 1981
Basée sur la berline Beta, avec ses 2 portes et son large hayon, la HPE affiche toutes les caractéristiques d’un break de chasse moderne, même si l’inclinaison marquée du hayon mélange l’aspect pratique du break, l’esthétique d’un coupé et la ligne d’une berline. Comme il se doit, tout l’avant est intégralement repris de la Beta, tandis que l’arrière est spécifique à la HPE. La mécanique 2.0 injection revendique 122 modestes chevaux et est accouplée à une boite 5

De nombreux carrossiers s’essayèrent au concept Shooting Brake, mais souvent sans dépasser le stade de l’exercice de style ou l’exemplaire unique dévolu à un seul (riche) client. On peut citer pour la mémoire les Peugeot 504 Riviera, Opel Slalom, Mercedes Concept Fascination, Volvo Concept Estate, Chevrolet Corvette Nomad, Porsche 928-4, Bentley Continental GT Touring ou Fiat 130 Shooting Brake …

Shooting Brake Volvo P1800ES Break de chasse

Le break de chasse reste un modèle à part dans la production automobile, incroyablement britannique dans son esprit. Parfois trop britannique dans sa construction et ses motorisations malheureusement. Posséder un break de chasse, c’est assurément assumer une « différence » dans le monde de la collection. Regards admiratifs et curieux garantis : face aux blasés des cabriolets, roadster, populaires et sportives croisées 100 fois sur les réunions d’anciennes, le break de chasse offre une alternative particulièrement originale, confortable et performante.

Pour nous, le plus beau Shooting Brake est probablement la Jaguar XJS Lynx Inverter. Le plus britannique de tous est vraisemblablement la Reliant Scimitar. Et le plus homogène, sans doute la Volvo P1800ES.

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1 comment

  1. Bonjour ,merci pour cet article. Scimitar signifie cimeterre (sabre moyen oriental) c’est quand même plus valorisant et moins morbide que cimetière qui ne présage rien de bon pour une voiture.

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