Née en 1973, la Matra Bagheera est un fabuleux exemple de la créativité automobile française des années 70. Alors que la marque Simca se cherche un peu, elle s’associe alors avec Matra, conglomérat industriel qui fait aussi bien dans l’armement, les sports nautiques, l’aérospatiale que l’automobile sportive.
C’est Philippe Guédon, futur créateur de l’Espace, qui conçoit la Bagheera. L’architecture technique retenue fut de favoriser le comportement routier par l’adoption du moteur central arrière, architecture en vogue à cette époque (Porsche 914, Lancia Stratos, Fiat X1/9 …). Cette architecture occultant généralement les place AR, le coup de génie de Guédon a été de prévoir 3 places adultes frontales dans l’habitacle, octroyant un avantage indéniable aux strictes 2 places ou aux 2+2 ne pouvant accueillir que des enfants à l’arrière. Elle sera assemblée à l’usine de Romorantin, dans le Loir et Cher
Le châssis acier autoportant accueille une carrosserie entièrement réalisée en polyester armé de fibres de verre qui est rivetée ou collée dessus. Le pont transmet le mouvement aux roues arrières et l’on trouve des freins à disques aux 4 coins du véhicule. Le réservoir est quant à lui positionné verticalement entre les sièges et la mécanique. La répartition des masses de 42 % sur l’avant et 58 % sur l’arrière conjuguée à des voies larges donnent une Bagheera très joueuse et dynamique. L’essentiel des trains roulants proviennent de la banque d’organe Simca, principalement de la 1100 Ti.
A l’intérieur, l’ouverture d’esprit de Matra trouve toutes les possibilités de s’exprimer en prenant des options modernes, voire futuristes. Bien entendu, ce qui saute aux yeux, c’est les 3 places de front, les élégants sièges anatomiques, l’autoradio vertical et le tableau de bord très futuriste qui tranche avec la tristesse de celui d’une Porsche 914 ! L’ensemble reste particulièrement accessible grâce à des portes qui ouvrent à angle droit. Le coffre arrière offre un volume de 330 dm3, un peu plus qu’un Citroen C4: pas si mal ! En 1975, apparait une version spéciale « Courrèges » offrant une finition particulièrement chic : peinture blanche nacrée et luxueux intérieur fauve. Au total, 661 exemplaires de « Courrèges » seront produits, sur les 47.796 Bagheera qui sortiront des chaines de Matra entre 1973 et 1980. En 1977, tous les modèles adoptent de nouveaux pare-chocs et une vitre de custode agrandie, pour améliorer la vision de 3/4 arrière.
La motorisation de la Matra Bagheera est assurée par le 1300cc de la Simca 1100Ti de 84cv, autorisant une vitesse de pointe de 180 km/h pour 7cv fiscaux. Des performances à rapprocher d’une Porsche 914 1.7 qui développait 80cv. Il fut épaulé à partir de 1976 (modèle S) par le 1400cc de la Simca 1308 GT développant 90cv et autorisant dorénavant une vitesse maximum de 185 Km/h pour 33,5 sec au kilomètre départ arrêté, avec 8cv fiscaux sur la carte grise. Les moteurs sont alimentés par deux carbus Weber 36 DCNF, qui vieillissent bien mieux que les injections de l’époque. Ces performances restent toutefois modestes, ce qui l’empêchera d’entrer dans le cercle des véritables sportives…
Au volant de la Bagheera, on est toutefois agréablement surpris. Sa stabilité en courbes, le confort des sièges et des suspensions offrant souplesse et débattement, une bonne isolation sonore la rendent très agréable. Bien entendu, la puissance modeste n’offre pas le comportement rageur d’une véritable sportive, mais les sensations sont bien présentes, avec une voiture parfaitement équilibrée qui vire à plat en toutes circonstances. Le bonheur de s’amuser sur les petites routes de campagne, en restant à allure légale…
La Matra-Bagheera aujourd’hui :
La Bagheera reste une classique particulièrement attirante et originale. Elle sort résolument des sentiers battus tout en restant fiable grâce à des mécaniques robustes à carburateurs et faciles à entretenir. Elle ne vieillit ni mieux ni moins bien que ses contemporaines et, malgré le chassis galvanisé, il faut rester attentif à la corrosion. Attention toutefois aux périphériques électriques, ce n’est pas ce qui vieillit le mieux sur cette Bagheera. Ce n’est pas à son volant que l’on pulvérisera les chronos, mais son originalité et l’efficacité de son comportement compenseront largement cette anémie mécanique. Bref, le moyen idéal de rouler dans une voiture typiquement seventies, pas avare en sensations, tout en restant très accessible, tant sur le plan de la conduite que budgétairement.
La cote :
De 4.000 à 15.000 euros, avec une majorité de transactions autour de 8.000 euros.
La tendance :
Stable.
Notre choix :
Notre choix se portera sur une Bagheera d’avant 77 restaurée et fiabilisée permettant d’avaler les kilomètres (état 3 selon l’échelle internationale de notation des voitures de collection) dans une livrée de couleur typiquement seventies et qui sera proposée autour de 10 ou 11.000 euros, pour une utilisation quasi-daily driver !
Il n’y a pas eu de Bagheera avec un châssis galvanisé.
Juste quelques châssis de remplacement.
la galvanisation est sur la murena-modéle suivant à partir de 81 .
Freinage exceptionnel, confort, sonorité du moteur, 3 places de front pour 3 adultes, phares rétractables, direction précise. Elle méritait juste un moteur plus en rapport avec les qualités de sa tenue de route pour devenir au top.
Avec la U8, peut-être aurait-elle pu faire un peu d’ombre à la Porsche 911 ?