Peu de voitures françaises ont accédé au statut de légende automobile. Encore moins quand elles sont issues d’un constructeur de voitures populaires. Pourtant, la 403 Cabriolet produite à 2.000 et quelques exemplaires est une voiture rare. Et particulièrement recherchée.
En 1951, Peugeot souhaite diversifier sa gamme pour s’affranchir des influences américaines du dessin de la 203. Pour cela, la firme au lion se tourne naturellement vers le temple du style automobile, l’Italie et plus particulièrement vers le carrossier italien Pininfarina pour l’étude d’une berline trois corps de gamme moyenne qui donnera la berline 403. Ce fut le premier fruit d’une très longue collaboration qui enfanta notamment les 204, 404 et 504, y compris dans leurs versions coupés et cabriolets. Et même d’autres modèles plus contemporains …
Etrangement, le cabriolet n’a pas été dessiné chez Pininfarina mais par Paul Bouvot et les équipes du bureau de style de la firme au lion. Le cabriolet ne partage en fait que peu d’éléments de carrosserie avec la berline standard. Ses soubassements sont renforcés pour conserver de la rigidité, le pare-brise est modifié et les portières sont rallongées. L’arrière est spécifique avec un coffre agrandi. Un hard-top est proposé en option à partir du modèle 1959. Le cabriolet est à la fois élégant et discret. Mais on cherche encore à comprendre pourquoi l’immense coffre empiète autant sur l’habitacle …
UNE MÉCANIQUE SIMPLE ET FIABLE
La 403 conforte surtout le revirement de style Peugeot au milieu des années 50, car sur le plan technique, elle emprunte beaucoup à son année, la 203. Les trains roulant à roues indépendantes à l’avant et l’essieu rigide à l’arrière sont très similaires à ceux de la 203. Sochaux mise sur la robustesse de la 403, sa fiabilité et sa facilité d’entretien dans les garages.
Sous le capot, la 403 bénéficie toutefois d’une cylindrée et d’une puissance supérieures, avec un 4 cylindres de 1468 cm3. Le cabriolet dispose du même moteur que la berline, délivrant 58cv et emmenant la voiture à 130 km/h. En 1959 un ventilateur débrayable sera proposé aux cotés du coupleur Jaeger optionnel pour un embrayage automatique. Le cabriolet 403 dispose bien du même 4 cylindres que la berline, mais avec un carburateur Solex et une nouvelle culasse, pour un gain de 3cv.
UN LABEL DE LA QUALITÉ FRANÇAISE
Le cabriolet 403 était vendu 70% plus cher que la berline standard en version Grand Luxe. Et ce que le cabriolet 403 ne peut pas offrir en terme de performances, il l’offrira dans la qualité de construction et dans l’équipement avec des phares antibrouillard, des répétiteurs latéraux de clignotants, des enjoliveurs de roues, des sièges garnis de cuir et trois teintes métallisées spéciales.
2.043 exemplaires de la 403 cabriolet sortiront des usines Peugeot entre le 25 juin 1956 et le 3 juin 1961. En dépit d’un volume de production modeste, au regard du succès de la berline et des variantes commerciales, le cabriolet marquera les esprits. Bien aidé par Hollywood…
DU GRAND AU PETIT ÉCRAN
La 403 cabriolet apparait dans un certain nombre de films de l’époque, parmi lesquel « À Paris tous les deux« , un film franco-américain (« Paris Holiday » de Gerd Oswald en 1957), « Le Baron de l’écluse (1960) » avec Jean Gabin, « Jeu de massacre (1967) » avec Jean-Pierre Cassel ou « Le Magnifique (1973) » avec Jean-Paul Belmondo sans oublier « La Sirène du Mississipi » réalisé par François Truffaut en 1969, avec Catherine Deneuve et à nouveau Jean-Paul Belmondo.
Mais surtout, la 403 apparait en 1971, 10 ans après sa fin de vie commerciale, dans le 1er épisode d’une série qui durerera 19 saisons: Columbo. Ce 1er épisode est réalisé par un tout jeune homme de 25 ans : Steven Spielberg. Face à la Peugeot délabrée du policier, la très luxueuse Mercedes-Benz 280 SE du méchant montre à quel point les protagonistes n’évoluent pas dans les mêmes couches de la société. La série reproduira ce cliché durant des années, la voiture devenant un second rôle récurrent.
Cependant, le cabriolet français n’était pas mis en valeur, peinture franchement défraichie et capote rafistolée… Pas de quoi améliorer l’image de l’industrie automobile française auprès des américains, hélas. Mais cela permet à la voiture d’avoir une certaine notoriété et d’exister dans l’inconscient de millions de personnes.
Il était de notoire que Peugeot n’appréciait pas la façon dont Columbo semblait prendre soin de sa 403, ou plutôt ne pas en prendre soin, car sa voiture était toujours sale, affichait des raccords de peinture, une capote déchirée et fumait ostensiblement.
Pour l’anecdote, Peugeot n’a jamais vendu officiellement la moindre 403 cabriolet aux USA. Il se dit que la 1ere 403 cabriolet de la série aurait appartenu au comédien et humoriste français Roger Pierre, parti avec en Californie, ou qu’elle aurait appartenu à un employé d’Air France nommé en 1962 dans les bureaux Californiens de la compagnie… ce petit mystère ajoute à la légende qui entoure la 403 cabriolet !
LA 403 CABRIOLET AUJOURD’HUI
Alors, finalement … échec ou voiture d’esthète ? Sans doute les deux. Echec commercial, mais la 403 cabriolet est entrée dans la légende automobile. Aujourd’hui, elle est une voiture très recherchée, justement par rapport à cette image décalée venue d’Outre-Atlantique. Impossible de montrer une 403 cabriolet sans faire référence à sa carrière télévisuelle. Produite artisanalement, avec peu de pièces de carrosserie communes à la berline, c’est un casse tête à restaurer. Par contre, mécaniquement, aucune difficulté, tout est semblable à la berline. Et tout est disponible …
LA COTE
Ce qui est rare est cher. Ce qui est rare et mythique est très cher. Ce qui est difficile à restaurer est très très cher … La 403 cabriolet n’échappe pas à la règle. Il faut compter environ 80.000 euros pour un cabriolet 403 restauré. Un exemplaire avec une mécanique d’époque préparée par le garage Darl’Mat en 1957 s’est même vendue au delà 102.000 euros en 2020. Le marché étant tellement étroit pour cette voiture qu’il est illusoire de vouloir définir une côte. C’est l’état de la voiture, les éventuels frais de restauration qui permettront de lui affecter une valeur. Le tout pondéré par l’historique du véhicule, s’il y a lieu.
Mais si votre vieille Tatie a conservé son vieux cabriolet 403 dans la remise, allez vite vérifier son état !
Bravo pour cet article .
Bonjour, Je suis propriétaire d’une 403 cab de 1957, et je suis de très près les ventes. C’est vrai que la 403 Darl’mat est parti en un clin d’œil, mais je l’ai vu sur Leboncoin à 93000€, mais celles qui sont en vente sur les sites spécialisés peine à partir même en dessous de la côte, il y en a qui y sont en depuis plus de 2 ans.
La dernière est parti aux enchères à Rodez pour 55000€+frais.