Apparue à la fin des années 60 avec une ligne italienne signée Michelotti, des mécaniques vivantes et performantes la « série 2″et son porte-étendard la BMW 2002 ont non seulement sauvé l’entreprise bavaroise de la faillite mais considérable renouvelé la clientèle BMW et affirmé sa vocation sportive.
Le modèle précurseur, présenté au salon de Genève en 1966, était la 1600-2. De 1600-2 on passera à 1602 et ensuite 1802 pendant qu’entre temps sera sortie la 2002 qui nous interresse ici. C’est donc en 1968 qu’apparaissent les 2002 et 2002ti. La « ti » (turismo internazionale) revendique 130 cv dès 1971, soit 5 cv de plus qu’une Porsche 911 T du même millésime … le décor est planté !
Il y a peu de différences entre les divers modèles de la série, en dehors des inscriptions spécifiques. Sur le plan esthétique, les feux AR ronds des premiers modèles sont clairement inspirés de Ferrari, mais il deviendront rectangulaires en 1975. Une version « hatchback » (2002 Touring) sera proposée, mais sans succès. La « série 2 » se distingue par des éléments de style facilement identifiables: une carrosserie « coach » (berline à 2 portes, 4 vitres), une importante surface vitrée, une calandre inclinée vers le bas, les deux yeux ronds, le double « haricot » distinctif de la marque et un pli de carrosserie souligné par un jonc chromé faisant le tour de la voiture, un élément stylistique déjà vu sur la NSU 1000.
Une éphémère version cabriolet fut produite pendant les 6 premiers mois de 1971 (200 ex.), avant d’être remplacée par une version targa/découvrable
La 2002 est motorisée par un 4 cylindres de 2.0L à arbre à cames en tête de 100 (carbu simple corps), 120 (double corps) et 130 cv (injection Kügelfischer) pour les 2002, 2002ti et 2002tii. Les perfs sont au rendez-vous : la 2002 tii revendique 186 km/h en vitesse maxi, moins de 10 secondes au 0 à 100 km/h et un peu plus de 30 secondes au km départ arrêté. La boite de vitesse montée de série était une boite manuelle à 4 vitesses, mais une boite 5 et même une boite automatique étaient en option, l’ensemble permettant de contenir la consommation autour d’un 10-12 litres très raisonnable pour l’époque et ce niveau de perfs.
Une version turbo de 170 cv revendiquant 210 km/h est présentée au salon de Francfort en 1973 mais ne sera produit que sur un millésime, à 1.672 exemplaires, le choc pétrolier de 1973 ayant raison d’elle.
Coté châssis, les 4 roues sont indépendantes, avec barres anti-roulis et système McPherson à l’avant. Le freinage est assuré par des disques devant et des tambours derrière. Objectivement, c’est la seule entorse à l’esprit sportif qui caractérise la 2002: un freinage d’époque et peu performant. En utilisation intensive, il faudra anticiper…
A l’intérieur, l’ambiance est triste : noir, austérité et rigueur dominent. Pour disposer du compte-tours et du manomètre de pression d’huile, il faudra aller se fournir dans la liste des options. Quant aux sièges, c’est de la même veine, avec aucun maintien latéral. En consolation, la banquette AR accueille sans problème 3 enfants.
Très correctement motorisées, compactes, légères, avec un châssis efficace, les 2002 sont très agréables à conduire, essentiellement sur nationales et départementales car leur manque de confort ne les prédispose aux grands voyages autoroutiers. Attention toutefois à la conduite sur sol mouillé : il faudra auparavant avoir assimilé le comportement des propulsions pour ne pas se faire surprendre par un tête à queue …
L’entretien d’une BMW 2002 est plutôt simple avec une vidange tous les 5000 km et une chaîne de distribution à remplacer tous les 100.000 km. Une conso d’huile de l’ordre de 1L/1.000 km ne doit pas être affolante, c’est aussi signe que « l’huile passe aux endroits où il faut ». L’entretien du pont, de la boite, des freins, des roulements est tout ce qu’il y a de standard, même si les pièces sont globalement onéreuses. N’ayant pas bénéficié de traitements anti-rouille particulier, il faudra procéder à un examen attentif de tous les recoins à l’achat et la faire dormir au sec.
Les 2002 sont déjà des classiques. Pas très chères, agréables à conduire et puissantes, leur entretien est accessible. Ancrées dans la mémoire collective commme la première d’une génération mythique, elles bénéficient d’un capital sympathie avéré. Et avec leurs teintes d’époque « seventies » elles sont vraiment l’archétype de la voiture de collection. Quel dommage que l’intérieur soit si austère et commun…
La cote :
6.000 à 18.000 euros (tii)
La tendance :
A la hausse
Notre choix :
Avec plus de 820.000 exemplaires produits, la « série 2 » n’est pas une voiture rare. Compte tenu de la cote encore très accessible de la 2002, nous ne lésinerons pas et porterons notre choix sur un modèle « ti » bien optionné et restauré. Cet exemplaire allemand restauré en 2009 dans les règles de l’art (noté 2 sur l’échelle internationale) vient de changer de mains contre 15.000 euros.
J’ai du mal à partager votre enthousiasme, surtout quand la seule comparaison citée est la 911T de 71. La 2002 a un super moteur, c’est vrai, mais ça reste un 4 en ligne et la ligne est vraiment bof-bof : on est dans la lignée 3 volumes des alfa 1750/2000 ou fiat 131/132. Attention, ça reste une super voiture, mais je ne la vois pas rentrer au panthéon des « mythes » auto.
Une anecdote amusante : la 2002 fut explicitement associée au mouvement de la Fraction Armee Rouge / Bande à Baader au début des années 70. Ce gang anarchiste commettait la plupart de ses exactions avec des BMW 2002, compte-tenu de ses performances et de son agilité. Les Allemands plaisantaient même sur la signification du trigramme BMW, le rebaptisant à l’occasion « Baader Meihoff Wagen ». Si vous possédiez une 2002 en Allemagne, les controles de police était garantis, si bien qu’un sticker spécifique vit le jour pour les propriétaires de 2002 et disait « Je ne fais pas partie de la bande à Baader »
J’ai possédé dans les années 70 plusieurs BMW 2002ti qui m’ont données de grandes satisfactions et avec lesquelles j’ai fait le tour auto 71 puis une saison du critérium national des circuits en 72 ou j’ai fini 2éme derrière une intouchable chrysler hemicuda. Je peux affirmer qu’il s’agissait d’une voiture exceptionnelle compte tenu que la mienne avait été préparée de main de maître par un super préparateur bordelais. Je la considère comme la meilleure voiture de sa génération et j’aimerai bien en conduire une en bon état(!), mais ceci est une autre histoire…
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