L’Apal 1600 GT Coupé est le sommet de la gamme de la petite entreprise belge créée par Edmond Péry. L’Apal coupé était librement inspiré de la Porsche Abarth Carrera GTL de 1960, commandée par Porsche pour remplacer ses Carreras GT vieillissantes et dont seulement 20 exemplaires furent fabriqués …
Au début des années 60, APAL (Application Polyester Armée de Liège) est convaincu du potentiel des carrosseries polyester et voit grand. Elle ambitionne de rivaliser avec les Alpine et même les Porsche. Péry est un homme particulier, fantasque mais terriblement créatif. Il va donc dessiner et surtout fabriquer environ 150 de ces jolis petits coupés entre 1961 et 1965, dont une trentaine d’exemplaires seront équipés de moteurs, boîtes-ponts, freins , roues, sièges, instrumentation et garnitures intérieures de Porsche 356.
Une coque polyester
Au premier regard, l’Apal coupé peut laisser penser à une version différente de la Porsche 356 Abarth Carrera, mais en réalité, il s’agit d’un coupé à carrosserie polyester boulonnée sur un châssis de Volkswagen renforcé et modifié, mais avec « beaucoup de Porsche en dessous ». Avec un empattement plus long d’une trentaine de centimètres que celui d’une Porsche 356 mais doté de seulement deux places, l’APAL GT offrait un habitacle très confortable pour le conducteur et son passager, ainsi qu’un grand espace pour les bagages à l’intérieur. Leur poids léger et leur centre de gravité bas ont également contribué à une excellente maniabilité.
Avec sa carrosserie polyester l’Apal 1600 GT coupé n’affichait que 700 kg sur la balance, bien moins qu’un coupé 356 B, s’avérant très efficace dans les courses, les courses de côte et les rallyes, y compris le célèbre concours Liège-Sofia-Liège, dans lequel l’Apal s’illustra.
Le moteur est le 1600 « super » de 75 cv à carburateur Weber NDIX des 356 de l’époque, mais certains 1600 « base » de 60cv auraient été montés, pour des questions de coûts.
Les versions « non-Porsche » étaient équipées d’une boite et d’un moteur 1200 ou 1300 de VW Coccinelle plus placide.
Trop chère
Mais si l’Apal 1600 GT était séduisante, efficace et performante, elle souffrait cependant d’un inconvénient majeur : un prix de vente élevé, plus élevé que celui des Porsche 356 …
La carrosserie polyester est légère mais n’offre pas la même rigidité que le métal : l’ajustement des ouvrants n’atteint pas l’excellence de fabrication des Porsche et la clientèle rechigne à payer plus cher une voiture moins bien finie. Commercialement, l’Apal 1600 GT fut un échec. Sa production est stoppée en 1965.
APAL Horizon GT, le baroud d’honneur
En 1968, Edmond Péry tente un retour sur le marché avec la très radicale Horizon GT. La ligne est impressionnante, avec un habitacle doté d’un toit Targa et d’un immense pare-brise panoramique. L’avant de la voiture n’est pas sans rappeler la Porsche 904. Excusez du peu …
Mais l’arrière est taillé à la serpe et la mécanique est le 1700cc du combi Volkswagen développant 70cv, ce qui casse très vite le charme … Seuls 10 exemplaires seront fabriqués.
L’incendie de 1969
L’usine APAL de Liège subit un incendie majeur en 1969. Nombre des archives disparaissent dans l’incendu et l’entreprise est au bord de fermer ses portes. Cependant, Péry et une partie de ses employés reconstruisirent l’usine. Ils se concentrèrent sur le marché des buggys, très populaires en Europe jusqu’à la fin des années 1970. Puis viendra le temps des répliques de Speedster Porsche, toujours sur base du châssis et du moteur de la Coccinelle, dont le californien Intermeccanica cèdera la licence à APAL. Environ 700 Speedster Apal seront construits.
APAL stoppe ses activités de construction automobile au milieu des années 90 mais conserve un atelier consacré à l’entretien et la rénovation de ses anciennes productions, jusqu’à la faillite prononcée en 2008.
L’Apal GT 1600 coupé aujourd’hui.
Avec 150 coupés produits dont seulement 30 en version « Porsche », l’Apal coupé 1600 GT est une rareté absolue. Mais moins qu’une 356 Carrera Abarth néanmoins ! Les quelques exemplaires qui sortent passent essentiellement par les maisons d’enchères capables de leur donner une visibilité internationale.
L’Apal GT 1600 intéresse essentiellement les passionnés qui ne se satisfont pas d’une Porsche 356 trop « conventionnelle ». Mais les versions à moteur VW ne sont pas inintéressantes du tout et offrent de belles performances grâce à leur poids contenu.
Le modèle blanc ci-dessus, motorisé par un VW 1200cc, s’est vendu 32.000 € en 2019 en Espagne. Les dernières transactions sur les GT 1600 à mécanique Porsche se tenaient dans les 80-90.000 €
A noter que les quelques « Horizon » produites n’atteignent pas pas des sommes aussi élevées. Le #2 qu’avait conservé Edmond Péry pour son usage et qui illustre le chapitre qui lui est consacré ci-dessus, s’est vendu pour 31.000 € en 2017.